La police a affirmé avoir découvert plus d'une centaine d'engins piégés en trois jours à Kano, dans le nord du Nigeria, après les attaques meurtrières de vendredi, alors que le prix Nobel de littérature Wole Soyinka a appelé ses compatriotes à la retenue.
"Nous avons découvert jusqu'à présent plus d'une centaine d'engins piégés au cours de l'opération de recherche que nous avons lancé dans la ville", a indiqué à l'AFP un haut responsable de la police sous couvert de l'anonymat.
"Beaucoup de bombes non-explosées ont été retrouvées autour du quartier général de la police" de Kano, l'une des principales cibles des assauts coordonnées de vendredi, a-t-il ajouté sans donner d'autres précisions.
Il a également cité la présence de huit voitures chargées d'explosifs retrouvées dans des contre-allées dans plusieurs secteurs de Kano.
Vendredi soir, plusieurs bombes avaient explosé et des affrontements à l'arme à feu avaient eu lieu pendant plusieurs heures lors d'attaques coordonnées lancées après la prière du soir dans Kano, seconde ville du Nigeria avec 4,5 millions d'habitants.
Un quartier général de la police, des commissariats, ainsi qu'un immeuble de la police secrète et des bureaux de l'immigration avaient été visés.
Selon des témoins, plusieurs assaillants portaient des uniformes de la police, ajoutant davantage de confusion lors des attaques.
"J'ai vu quelqu'un portant un uniforme de policier avec une AK 47", a expliqué le commissaire Wellington Asiayei.
Il venait d'entendre une explosion quand il a vu un homme lui disant: +Venez Monsieur, allons au quartier général, quelque chose est en train de se produire+ puis, explique-t-il, "je l'ai vu pointer son arme sur moi".Touché à la colonne vertébrale, il ne marchera plus jamais.
Selon une organisation de secours, le bilan est d'au moins 166 morts.Les autorités se contentent de dire que le nombre de morts dépasse la centaine.Selon un médecin sur place, le bilan pourrait atteindre 250 morts.
Un porte-parole du groupe islamiste Boko Haram a revendiqué ces attaques dans un journal local, expliquant que le groupe avait agi en représailles après le refus du gouvernement de libérer plusieurs de ses membres emprisonnés.
Le président nigérian Goodluck Jonathan s'est rendu sur place dimanche et a promis que la sécurité allait être "renforcée" dans la ville ainsi que dans d'autres parties du pays, affirmant que plusieurs suspects ont été arrêtés.
Kano a été frappé au terme d'une interminable série d'attaques contre des chrétiens dans le nord majoritairement musulman du pays, après de meurtriers attentats du même genre perpétrés le 25 décembre près d'Abuja et qui avaient fait 49 morts.
"Protégez vos voisins!"
"Ne lancez pas de représailles, ne cédez pas à la vengeance, protégez vos voisins!", a imploré à ce propos l'écrivain Wole Soyinka lors d'un rassemblement lundi à Lagos.
"Nous ne devons pas accepter d'être soumis au bon vouloir de Boko Haram.Ils veulent vous pousser à bout.Ils veulent vous entraîner dans une spirale infernale où chaque voisin se retournera contre son voisin", a-t-il mis en garde, critiquant violemment le "système présidentiel" en vigueur au Nigeria.
Le président Jonathan est confronté à la pire crise qu'il ait connue depuis son accession au pouvoir en avril.Les violences font en effet craindre jusqu'à une guerre civile dans le pays le plus peuplé et premier producteur de pétrole d'Afrique, également touché par un fort mécontentement social.
Toujours à Kano, responsables politiques et dignitaires musulmans locaux se sont rassemblés pour prier en faveur de la paix.
Pour le sultan de Sokoto Sa'ad Abubakar, figure de l'islam national, les violences à Kano "sont peut-être les pires en termes de pertes de vie et de biens".
Le Nigeria est divisé entre un Nord essentiellement musulman et un Sud à majorité chrétienne.
Le président Jonathan a promis que les personnes soutenant Boko Haram seraient traduites en justice.Selon lui, des membres du groupe ont infiltré les instances de gouvernement, des agences de sécurité (police et armée) jusqu'au parlement et à l'exécutif.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.