Dix pays d'Afrique centrale ont entamé lundi à N'Djamena un nouveau sommet extraordinaire consacré essentiellement au renforcement de la force africaine (Misca) en Centrafrique, dont la population, livrée aux exactions de bandes armées, vit "une tragédie" selon l'ONU.
Réunissant les 10 pays membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC), cette rencontre a été convoquée par le chef d'Etat tchadien Idriss Déby Itno, président en exercice de la CEEAC et dont le pays, principal soutien du régime de Bangui, joue un rôle politique et militaire majeur chez son voisin centrafricain.
"Nous exhortons la Misca à poursuivre sa mission de neutraliser, désarmer et éloigner tous les éléments armés étrangers qui sèment le trouble et la désolation", a déclaré M. Déby en ouvrant les travaux, en présence du président centrafricain de transition, Michel Djotodia.
"Nous invitons les USA, la Russie, la Chine et la Grande-Bretagne à soutenir les efforts de la CEEAC en lui apportant un appui financier et matériel pour la réalisation de la paix en RCA", a-t-il poursuivi, avant de saluer "l'action diplomatique et militaire" de la France dans ce dossier.
Depuis le renversement du président François Bozizé le 24 mars par la coalition rebelle Séléka dirigée par Michel Djotodia, la population du pays "vit une tragédie", a rappelé samedi une mission d'urgence des agences d'aide de l'ONU, en insistant sur le rétablissement de la sécurité dans le pays, dont 10% des cinq millions d'habitants ont été déplacés par le conflit.
La force africaine - qui compte actuellement 2.500 homes sur un total prévu de 3.600 - tente d'y rétablir la sécurité et de désarmer les combattants qui sèment la terreur.Mais son action est limitée par des difficultés logistiques et financières.
Sous pression internationale, le président Djotodia a lui dissout la Séléka et cherche depuis à neutraliser les chefs des bandes armées qui en faisaient partie et qui ont multiplié les exactions.
Plus de troupes
En réclamant des moyens conséquents pour la Misca, les pays d'Afrique centrale se placent sur le même terrain que la France, l'ancienne puissance coloniale qui est montée en première ligne au Conseil de sécurité de l'ONU afin d'obtenir un renforcement du mandat de la force et se dit prête à augmenter le nombre de ses troupes dans le pays.Paris a un détachement de 400 soldats qui contrôlent l'aéroport de Bangui mais ne participent pas aux opérations de la Misca.
Les exactions sans fin d'ex-rebelles ont provoqué des violences inter-communautaires qui menacent désormais de prendre un tour religieux entre chrétiens, qui constituent la grande majorité de la population, et musulmans.Les combattants qui formaient les rangs de l'ex-rébellion se revendiquent de confession musulmane et M. Djotodia est le premier président musulman de l'histoire du pays.
Elles ont également provoqué une très grave crise humanitaire dans une population déjà éprouvée par des années de troubles et de rébellions.
A cet égard, les chefs d'Etat se pencheront également sur "la question de lancer un appel à la communauté internationale pour mobiliser les ressources promises" mais pas encore débloquées, "pour aider la RCA à s'en sortir et à respecter la période de transition" devant aboutir à des élections générales dans moins d'un an et demi, selon des sources diplomatiques tchadiennes.
La CEEAC regroupe 10 Etats, dont la Centrafrique et, à l'exception du Soudan, tous ses voisins: Tchad, Cameroun, Congo, République démocratique du Congo.Le Burundi, qui a proposé en juillet de fournir des troupes à la force africaine, est également membre, tout comme le Gabon, qui a un contingent de 600 hommes dans la Misca.
Les autres membres sont l'Angola, la Guinée équatoriale et l'archipel de Sao Tomé et Principe.
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