Une quinzaine de chefs d'Etat ouest-africains se réunissent ce lundi à Dakar pour décider des mesures d'urgence à prendre face à la détérioration de la situation au Mali qui, depuis un coup d'Etat militaire le 22 mars, a été carrément coupé en deux par l'offensive fulgurante de rebelles touareg au nord.
Le sommet a lieu en marge de l'investiture du nouveau président sénégalais Macky Sall, à laquelle doit également assister le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé.
Estimant que "la situation se dégrade très rapidement", ce dernier a conseillé aux Français "dont la présence n'est pas indispensable" de quitter le Mali où la France, a insisté Alain Juppé, "ne s'engagera pas militairement".
"Nous pouvons aider sur le plan logistique ou la formation, mais il n'est pas question de mettre des soldats français sur le sol du Mali", a-t-il précisé.
Le sommet de Dakar est le second en quatre jours sur le Mali après celui du 29 mars à Abidjan qui avait donné aux "tombeurs" du président Amadou Toumani Touré (ATT), jusqu'à lundi pour un retour à l'ordre constitutionnel, sous peine d'un "embargo diplomatique et financier".
Evoquant nommément les villes de Gao et Tombouctou, deux villes du nord tombées prises ce week-end par des rebelles touareg et des groupes armés islamistes, le président président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), l'Ivoirien Alassane Ouattara, a affirmé que l'organisation mettra "tous les moyens pour stopper cette rébellion et (faire en sorte) que le Mali retrouve l'intégrité de son territoire.C'est un devoir pour la sous-région".
Sous pression, la junte a promis dimanche le retour à un pouvoir civil et une transition vers des élections à une date non précisée.Elle a aussi pris "l'engagement solennel" de rétablir immédiatement la Constitution de février 1992, ainsi que les institutions républicaines dissoutes lors du coup d'Etat.
Elle n'a pas pour autant l'intention de laisser le pouvoir immédiatement, mais souhaite "permettre une transition dans de bonnes conditions" jusqu'à l'organisation d'élections.
Préventivement, la Cédéao a mis en état d'alerte une force militaire de quelque 2.000 hommes alors que la rébellion touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et les groupes islamistes qui la soutiennent ont pris coup sur coup depuis vendredi les trois capitales régionales du nord: Kidal, Gao et Tombouctou, sans rencontrer de résistance.
Vandalisme
Des scènes de vandalisme ont été constatées par des témoins dans ces trois villes et régions."J'évalue les dégâts causés à des milliards de francs CFA (centaines de millions d'euros) de pertes dans les trois régions", a affirmé Abdoulaye T. Diallo, un fonctionnaire aux services des impôts de Bamako.
Avec ces trois régions administratives, la rébellion contrôle désormais tout le nord du pays, soit environ la moitié du territoire.
Cette offensive fulgurante a été en grande partie rendue possible par l'armement lourd dont dispose la rébellion et les groupes islamistes, ramené de Libye par des centaines d'ex-rebelles des années 1990 accueillis à Tripoli du temps de Mouammar Kadhafi et qui ont combattu à ses côtés avant la chute de son régime en août 2011.Ils sont ensuite rentrés au Mali.
La junte, dirigée par le capitaine Amadou Sanogo, avait justifié son coup d'Etat par "l'incompétence" du président ATT à combattre la rébellion dans le nord et par le manque de moyens donnés à l'armée pour les combattre.
L'armée avait été particulièrement choquée par l'exécution sommaire en janvier d'une centaine de soldats à Aguelhok (nord-est).
La commission d'enquête mise en place par le gouvernement du président ATT avait affirmé avoir recueilli "des preuves et des témoignages des rescapés militaires et civils" corroborant "un mode d'exécution" pratiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique 'Aqmi), très présent depuis 2007 dans le nord du Mali.
Mais le coup d'Etat du 22 mars a eu pour effet d'accélérer l'offensive du MNLA et de ses alliés du moment.
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