"Je ne peux jamais partir d'ici dans cette situation. Je ne peux pas!", tranche dans son swahili natal cet ancien cultivateur, malgré le danger d'une nouvelle éruption.Dans Goma en partie abandonnée de ses habitants, M. Paluku trône, avec toute la dignité de l'âge, sur une chaise de plastique blanche.Dans l'arrière-cour de sa modeste maison, au sol rocheux noirâtre typique des terres volcaniques sur lesquelles Goma est construite, une proche arrange son vieux costume élimé et s'assure qu'il ne prend pas froid, lui remettant d'un geste attentionné un bonnet de laine grise usé par le temps."Cette nouvelle éruption est la troisième que je vis", balaie-t-il d'un revers de main.Près de 400.000 personnes ont évacué depuis jeudi Goma, sur ordre des autorités locales.Dominant de ses pentes noires la ville et les rives du lac Kivu, le volcan Nyiragongo est entré en éruption soudaine samedi dernier, provoquant un premier exode. Deux coulées de lave sont sorties de ces flancs, dont l'une s'est immobilisée à la lisière nord-est de la ville, un "vrai miracle" selon le volcanologue italien Dario Tedesco, qui a vécu plusieurs années à Goma.Trente-deux personnes ont trouvé la mort. La précédente éruption majeure du Nyiragongo, le 17 janvier 2002, avait fait une centaine de morts. L'éruption la plus meurtrière du Nyiragongo avait fait plus de 600 morts en 1977.A chaque fois, "tout s'arrête loin d'ici", veut croire M. Paluku. "D'ailleurs ça arrive près de chez les missionnaires, et ça s'arrête", assure-t-il."À côté d'ici il y a une petite colline qui fait que la lave ne monte pas jusqu'à nous. Et c'est ce qui nous protège un peu", modère-t-il.Mais selon les autorités, une éruption est toujours à craindre, et cette fois peut-être même au coeur de la ville, sous laquelle passerait désormais le magma, et où d'impressionnantes fractures se sont ouvertes sur le sol, au rythme des puissants et innombrables tremblements de terre qui ont secoué la région.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.