Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a exigé de la France qu'elle négocie le sort de ses cinq otages au Mali directement avec Oussama ben Laden, dans un message en cours d'authentification par le ministère des Affaires étrangères, qui n'a pas souhaité le commenter vendredi.
Le chef d'Aqmi, l'Algérien Abdelmalek Droukdel, a formulé cette revendication dans un enregistrement audio diffusé jeudi soir par la chaîne de télévision du Qatar Al-Jazira, selon le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE, exigeant en même temps que la France retire ses troupes d'Afghanistan pour libérer les otages qu'elle retient.
"Toute forme de négociation sur ce sujet à l'avenir sera conduite avec personne d'autre que notre Sheikh Oussama ben Laden (...) et selon ses conditions", déclare le dirigeant d'Aqmi.
"(Si vous) voulez que vos citoyens qui sont prisonniers chez nous soient sains et saufs, alors vous devez vous dépêcher et retirer vos soldats d'Afghanistan selon un calendrier précis que vous rendrez public", ajoute Abdelmalek Droukdel, selon la retranscription du SITE.
"Je n'ai pas de commentaire particulier à faire, je rappelle la mobilisation totale de tous les services de l'Etat et l'engagement du ministère des Affaires étrangères à Paris, à son centre de crise et sur le terrain, pour la libération des otages", a réagi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero, interrogé au téléphone par l'AFP.
"Cet enregistrement est en cours d'authentification", a-t-il ajouté.
"Pour ce type de situation complexe et délicate, la discrétion est un paramètre important de notre action", a poursuivi M. Valero.
Il a rappelé que mercredi, le président Nicolas Sarkozy s'était dit "spécialement inquiet" pour ces otages.
Oussama ben Laden avait averti fin octobre que la France ne connaîtrait pas la sécurité tant qu'elle ne retirerait pas ses troupes d'Afghanistan.
Un retrait graduel des forces déployées dans ce pays est au menu d'un sommet de l'Otan qui s'ouvre vendredi à Lisbonne.
Oussama ben Laden avait également affirmé que les musulmans étaient "en droit" de riposter par la violence à l'interdiction du voile intégral en France.
Son message audio avait été interprété par les experts comme un "blanc-seing" donné à l'Aqmi, dont les responsables ont fait allégeance à Al-Qaïda début 2007 et qui a revendiqué le 21 septembre l'enlèvement des Français.
Ceux-ci ont été enlevés dans la nuit du 15 au 16 septembre sur le site d'une mine d'uranium du groupe français Areva à Arlit (nord du Niger), en même temps qu'un Malgache et un Togolais.
Selon des sources maliennes et françaises, les otages sont détenus dans des collines désertiques du Timétrine, dans le nord-est du Mali.
Aqmi, dont les activités s'étendent du sud de l'Algérie au Mali, au Niger et à la Mauritanie, a multiplié les enlèvements d'Occidentaux ces dernières années.
Le nouveau ministre français de la Défense, Alain Juppé, a indiqué mercredi qu'il y avait "toutes les raisons de penser" que les otages français sont tous vivants et en bonne santé, assurant qu'il existait des "contacts" avec les ravisseurs.
La semaine dernière, selon une source malienne très bien informée, Françoise Larribe, la Française otage d'Aqmi qui souffre d'un cancer, avait reçu des médicaments, grâce à une intervention du Mali.
Cette source avait ajouté que "les négociations étaient difficiles", mais qu'"il fallait rester optimiste".
Aqmi avait annoncé en juillet l'exécution d'un otage français, l'humanitaire Michel Germaneau.
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