Le Premier ministre français François Fillon a voulu profiter de son déplacement à Abidjan vendredi pour installer la France comme partenaire économique privilégié d'une Côte d'Ivoire à reconstruire après une très grave crise post-électorale.
M. Fillon, qui effectue jusqu'à dimanche une mini-tournée en Afrique de l'Ouest placée sous le signe de l'économie, veut faire prendre un "nouveau départ" aux relations entre Paris et son ex-colonie, laissant de côté la "nostalgie" qui les a selon lui caractérisées.
Avec 140 filiales d'entreprises françaises en Côte d'Ivoire, employant 40.000 personnes, et un tissu de quelque 500 PME, la France est déjà le premier partenaire commercial du pays.
Pour la Côte d'Ivoire, "tout le défi sera de réussir à mettre à profit le choc qu'elle vient de subir pour réunifier et refonder", a estimé M. Fillon, trois mois après la fin d'une crise qui a fait quelque 3.000 morts et plongé le pays dans la récession.
"Les nombreuses entreprises qui sont venues avec moi vous le diront: nous sommes déterminés à rester votre partenaire le plus proche", a assuré le Premier ministre, qui a ouvert un forum économique franco-ivoirien.
Des représentants d'Alstom, Bolloré, Bouygues, Total ou BNP Paribas ont fait le déplacement.
La veille, devant la communauté française de Côte d'Ivoire, il avait déjà souhaité que la France soit "le partenaire de référence de la Côte d'Ivoire", sans être pour autant son "partenaire exclusif".
Si l'intervention militaire de la France avec l'ONU a été bien perçue, l'ascendant pris par les entreprises françaises cause parfois des grincements de dents.
Mais le Premier ministre ivoirien Guillaume Soro a lancé à la France un "double appel de soutien et de prise de risque" en faveur de l'économie ivoirienne, pour "ouvrir un nouveau chapitre".
Ces liens économiques ne doivent toutefois pas être ceux "des ex-colonisateurs qui viendraient asservir" les Ivoiriens mais bien marquer le lancement d'une "relation décomplexée", a prévenu le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire, Jean-Louis Billon.
La Côte d'Ivoire a le potentiel pour devenir "dans la décennie qui vient" un pays émergent, a estimé M. Fillon, rappelant "l'effort financier exceptionnel" de la France ces derniers mois en direction de son ancienne colonie.
Pour la première visite d'un chef de gouvernement français depuis Jacques Chirac en 1986, M. Fillon a en effet indiqué que Paris est disposé à un nouvel effort, renonçant à une tranche d'un milliard d'euros de la dette ivoirienne à l'égard de la France, qui s'élève au total à environ 3 milliards d'euros.
La dette serait ainsi effacée à terme puisqu'un trait avait déjà été tiré en mai sur 2 milliards d'euros lors d'une visite du président français Nicolas Sarkozy.
Paris a déjà déboursé 350 millions d'euros en urgence pour "aider les autorités à financer les salaires de la fonction publique et les dépenses sociales".
La France veut en outre aider la Côte d'Ivoire à améliorer la sécurité dans le pays, condition indispensable à l'essor économique.Une mission a été menée récemment pour organiser "la démobilisation, le désarmement et la réinsertion des combattants", un chantier titanesque et délicat.
Avant de rencontrer à la mi-journée Alassane Ouattara, François Fillon a dévoilé une plaque en mémoire des quatre personnes, dont deux Français, enlevées au Novotel d'Abidjan et tuées par des partisans de l'ex-président Laurent Gbagbo en avril, au plus fort de la crise post-électorale.
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