L'audience de vendredi sonnera peut-être l'heure de vérité au procès d'Oscar Pistorius, meurtrier de sa petite amie en 2013, si ses avocats l'appellent à la barre pour s'expliquer pour la première fois sur le drame, et défendre lui-même sa thèse d'une méprise tragique.
Son témoignage est d'autant plus attendu que le champion paralympique, six fois médaillé d'or, n'a pas dit un mot en public depuis la mort de Reeva Steenkamp le 14 février 2013, sinon pour plaider non coupable, d'une voix fluette, le 3 mars dernier au premier jour de son procès.
Sur un strict plan légal, Oscar Pistorius n'est pas obligé de s'exprimer au tribunal.
Mais le code de procédure en Afrique du Sud permet à l'accusé d'intervenir le premier lorsque la parole passe à la défense, ce qui est le cas vendredi matin.
De plus, souligne l'avocat William Booth, un ténor du barreau du Cap, "s'il ne témoigne pas, la cour pourra lui reprocher de n'avoir pas pu tester sa version durant un contre-interrogatoire" du parquet.
"Quand on admet avoir tiré et qu'on se justifie par la légitime défense, on peut éviter de témoigner s'il y a un autre témoin, mais dans son cas, il était seul", ajoute Me Booth.
Depuis le début, Oscar Pistorius, vedette planétaire pour avoir auréolé le handisport d'une gloire auparavant réservée aux seuls sportifs valides et bien portants, explique qu'il a ouvert le feu en croyant tirer sur un cambrioleur caché dans ses WC.
Jusqu'à présent, le jeune homme de 27 ans a délégué à son avocat le soin de lire ses deux dépositions, quasi identiques, l'une en 2013 et l'autre ce mois-ci.
Il risque gros en prenant la parole lui-même, et ses avocats devraient avoir à coeur d'abréger l'épreuve."Toute personne qui témoigne devant un tribunal subit de la pression.Chaque mot compte et peut être retenu contre vous", ajoute Me Booth.
A plusieurs reprises, depuis le début du procès, l'athlète a fondu en larmes dans son boxe, rougit, vomit, semblant perdre la maîtrise de son corps et de ses émotions.
- Question piège -
En outre, des preuves ou des témoignages se sont accumulés contre lui en quinze jours d'audience.Des hurlements de femme ont réveillé des voisins, la lumière était allumée selon eux, alors que Pistorius affirme avoir paniqué et tiré dans le noir.
Le médecin-légiste estime que la victime a mangé à une heure où elle était censée dormir, selon la version de Pistorius.Le parquet a aussi fait lire à l'audience des textos envoyés par messagerie instantanée par Reeva, révélant qu'elle avait peur de ses scènes de jalousie.
"Beaucoup, beaucoup de gens s'envoient ce genre de messages, sans qu'ils ne finissent pas s'entretuer", souligne M. Booth."En soi, cela ne dit pas grand chose.C'est la somme de tout: la personnalité agressive, l'usage des armes à feu, etc".
Surtout, l'expertise balistique de la police permet de conclure que Reeva était encore en vie lorsqu'elle a été touchée d'une première balle à la hanche.Avant de succomber à une balle dans la tête, elle a eu le temps de placer instinctivement ses mains sur la tête pour se protéger et dans ce scénario, elle a sans doute crié avant de mourir
"S'il n'y avait eu qu'un seul tir, cela aurait été différent", poursuit Me Booth.Mais, "quatre balles tirées dans une petite pièce à travers une porte, ça c'est un problème".
Le type de munitions utilisées, des balles expansives qui causent un maximum de dégâts, ne laissait presque aucune chance à sa victime, Reeva ou le cambrioleur.
La question piège pour lui sera de savoir quelle était son intention au moment de tirer.
Même si Pistorius n'avait pas l'intention de tuer Reeva, le parquet soutient qu'il avait certainement l'intention de tuer la personne qu'il croyait derrière la porte, et le procureur Gerrie Nel lui demandera certainement quel était son but en tirant quatre fois.
Oscar Pistorius qui n'a pas repris la compétition depuis le drame, risque la peine maximum -- 25 ans incompressible -- si le tribunal conclut au meurtre prémédité.
En revanche, il existe une possibilité qu'il puisse être condamné aux arrêts domiciliaires si le tribunal retient la thèse du terrible accident.Ou qu'il subsiste un doute raisonnable empêchant de dire en toute certitude qu'il avait l'intention de tuer.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.