Les électeurs étaient peu nombreux à voter dimanche au second tour de la présidentielle de Sao Tomé et Principe, un scrutin avec un seul candidat en raison du boycott du président sortant qui dénonce des fraudes.
Les 111.000 électeurs de ce petit archipel au large de l'Afrique Centrale ont le choix dans l'isoloir entre le candidat arrivé en tête du premier tour, Evaristo Carvalho (49,8% des voix), et le président Manuel Pinto da Costa (24,83%).
Mais quelque soit le résultat des urnes, l'issue fait peu de doute: les bulletins en faveur du président sortant seront considérés comme nuls, ce dernier s'étant officiellement désisté.
Evaristo Carvalho, 74 ans, a voté vers midi (local et GMT) dans l´école primaire Dona Maria de Jésus, dans la capitale Sao Tomé.
"Je souhaite que le processus électoral se conclue dans la tranquillité et dans la paix", a déclaré à des journalistes le candidat à la présidence de Sao Tomé et Principe, considéré comme un modèle de démocratie en Afrique, mais qui traverse une crise politique inédite en 25 ans de multipartisme.
Après s'être dit "confiant" pour obtenir une "large majorité" à l'issue du second tour, M. Carvalho a ensuite accusé son adversaire d'avoir "abandonné parce qu'il avait peur de perdre cette élection".
La polémique est née des revirements de la Commission électorale nationale, qui a d'abord proclamé des résultats provisoires donnant Evaristo Carvalho vainqueur dès le premier tour avec la majorité absolue (50,1%), avant de se contredire, ouvrant la voie à un second tour.
M. Pinto da Costa, 79 ans, avait alors réclamé, conjointement avec la candidate arrivée troisième, Maria das Neves, l'annulation de tout le processus pour repartir à zéro, mais le tribunal constitutionnel a rejeté cette demande.
"Continuer à participer à un processus électoral aussi frauduleux reviendrait à le cautionner", a déclaré M. Pinto da Costa vendredi."Je m'y prête pas en tant que candidat, et encore moins en tant que président de la République".
- "Quelle légitimité?" -
La "non-participation" du président sortant risque d'affaiblir la participation électorale, qui avait été relativement bonne au premier tour il y a trois semaines (64,31%).
En milieu d'après-midi, l'affluence était très faible dans la plupart des bureaux de vote de la capitale, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Je crois que l'abstention sera le grand vainqueur de ces élections marquées par la polémique", qui a engendré une certaine lassitude de la population, estimait un sociologue santoméen, Olívio Diogo.
"J´ai honte de ce qui se passe à Sao Tomé en ce moment", soulignait pour sa part un électeur, Aguinaldo Garrido. "Comment le nouveau président pourra-t-il être légitimé?", s'interrogeait cet ingénieur informaticien: "Les bureaux de vote seront composés uniquement des membres du parti de Carvalho".
M. Carvalho est soutenu par le véritable homme fort du pays, le Premier ministre Patrice Trovoada, 54 ans, dont le parti, l'Action démocratique indépendante (ADI), est déjà majoritaire à l'Assemblée.
Comme au Portugal, l'ancienne puissance coloniale, le président arbitre mais ne gouverne pas, laissant la réalité du pouvoir au Premier ministre, dans ce petit pays pauvre de 200.000 habitants indépendant depuis 1975, et qui dépend à 90% de l'aide internationale.
Par candidat interposé, M. Trovoada signe un nouvel épisode d'une rivalité familiale avec Manuel Pinto da Costa, qui remonte aux temps de l'indépendance.
Premier président pendant quinze ans après 1975, M. Pinto da Costa avait alors arrimé son pays au bloc soviétique, instaurant un régime marxiste avec parti unique.
Le régime de l'époque avait contraint à l'exil en France le père de Patrice Trovoada, Miguel, ex-compagnon de route tombé en disgrâce.De retour à Sao Tomé avec l'instauration du multipartisme en 1991, Trovoada père sera élu président à deux reprises jusqu'en 2001.
Depuis, le petit archipel fait figure de modèle d'alternance démocratique dans une région où les chefs d'Etat règnent souvent depuis des décennies, comme Teodoro Obiang en Guinée-Equatoriale (1979), Paul Biya au Cameroun (1982), ou Idriss Deby au Tchad (1990).
Dans un pays où les deux-tiers des 195.000 habitants sont pauvres, "nous avions au moins la fierté d'être un pays stable, où les perdants félicitent les vainqueurs", regrettait dimanche un journaliste santoméen."Cette crise nous divise profondément".
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