Seul en lice après le retrait du président sortant, le candidat du Premier ministre a remporté sans surprise le second tour de la présidentielle du petit archipel de Sao Tomé et Principe, impatient de tourner la page d'une élection pour le moins rocambolesque.
C'est surtout l'abstention qui a marqué le scrutin de dimanche car seuls 46% des 111.222 inscrits se sont déplacés à l'isoloir.
Evaristo Carvalho, 74 ans, vice-président de l'Action démocratique indépendante (Adi, centre-droit) du chef du gouvernement Patrice Trovoada, a obtenu 42.058 voix pour 1.548 bulletins blancs et 7.567 votes nuls, selon les résultats encore provisoires de la Commission électorale nationale (Cen)."Selon ces résultats ainsi indiqués, le vainqueur obtient 82,2% des voix", relève une internaute, Guida Gustosa, sur le site d'information Tela Non.
Comme au Portugal, l'ancienne puissance coloniale, le président arbitre mais ne gouverne pas, laissant la réalité du pouvoir au Premier ministre, dans ce petit pays pauvre de 200.000 habitants indépendant depuis 1975 et qui dépend à 90% de l'aide internationale.
L'abstention a sans doute été le choix d'une partie des partisans du président sortant, Manuel Pinto da Costa (indépendant), 79 ans, voire de la candidate arrivée 3e au premier tour, Maria das Neves, soutenue par l'historique Mouvement pour la libération de Sao Tomé et Principe (MLSTP).
M. Pinto da Costa et Mme das Neves avaient conjointement demandé l'annulation de tout le processus électoral, dénonçant des fraudes au premier tour.Ils ont été déboutés par le Tribunal constitutionnel.
"J'espère que l'élection d'aujourd'hui va se terminer dans la tranquillité et dans la paix", avait déclaré M. Carvalho, dimanche après avoir voté, encourageant ses compatriotes à faire de même.
La Commission électorale l'avait proclamé vainqueur dès le premier tour le 17 juillet, avec 50,1% des voix, avant de se contredire.M. Carvalho avait finalement obtenu 49,8% des voix contre 24,8% pour M. Pinto da Costa, selon les résultats définitifs proclamés plus tard par le Tribunal électoral.
Ce retournement et ces ratés avaient inquiété jusqu'au représentant des Nations unies en Afrique centrale."Il ne me revient pas de trouver une solution.Mon rôle est d'alerter", a déclaré ce représentant, Abdoulaye Bathily.
- Modèle d'alternance démocratique -
La situation politique à Sao Tomé-et-Principe avait même "préoccupé" les chefs d'Etats de la Communauté économique d'Afrique centrale (Cemac) auteurs d'un "vibrant appel" aux responsables de l'archipel "afin de parachever sereinement le processus électoral en cours", lors de leur sommet à Malabo fin juillet.
Sao Tomé, avec ses cohabitations pacifiques entre un président et un Premier ministre d'un bord différent, fait pourtant figure de modèle d'alternance démocratique par rapport aux pays d'Afrique centrale et leur président toujours réélu, comme Teodoro Obiang, au pouvoir depuis 1979 en Guinée-Equatoriale, Paul Biya au Cameroun (1982) ou Idriss Deby (1990), investi ce lundi pour un 5e mandat au Tchad.
Dans l'attente de la réaction de M. Pinto da Costa, qui doit désormais céder les clés du palais présidentiel à M. Carvalho, le grand vainqueur s'appelle Patrice Trovoada, déjà vainqueur des législatives en 2014.
"Sao Tomé est une démocratie établie, mais depuis 25 ans nous avons toujours connu la cohabitation", expliquait en juillet à l'AFP le Premier ministre."Cette fois-ci, avec mon parti qui a la majorité au Parlement, et un candidat que nous appuyons, je pense que (...) Sao Tomé va rompre avec la cohabitation et avoir un peu plus de cohérence entre la présidence et le gouvernement."
En gagnant son pari, M. Trovoada, 54 ans, écrit le dernier chapitre d'une rivalité familiale avec M. Pinto da Costa, qui avait contraint son père Manuel Trovoada à l'exil en France dans les années 1980.
Président de l'indépendance en 1975 jusqu'à 1990, M. Pinto da Costa avait instauré un régime marxiste-léniniste avec parti unique (le MLSTP) et rattaché son pays au bloc soviétique.
Compagnon de route tombé en disgrâce, Trovoada père à son retour avait finalement été élu président en 1991 grâce à l'instauration du multipartisme, effectuant deux mandats de cinq ans.
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