Deux cents milliards de francs CFA (300 M EUR) contre la pauvreté, 600 milliards contre le chômage...Longtemps controversé, et candidat pour la première fois à la présidentielle ivoirienne, prévue le 31 octobre, l'économiste Alassane Ouattara n'a pas peur des chiffres.
Victime pour les uns, "diviseur" pour les autres, l'ex-Premier ministre (1990-1993) du "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny symbolise la crise identitaire qui a déchiré le pays depuis 15 ans.En 2000, il avait vu sa candidature présidentielle rejetée pour "nationalité douteuse", et a été accusé d'être à l'origine du putsch raté de 2002, qui a coupé le pays en deux.
Mais Alassane Dramane Ouattara ("ADO", pour ses partisans), 68 ans, préfère ne pas s'étendre sur ces questions encore sensibles.
"Je me suis libéré de toutes les humiliations que j'ai subies", clamait le champion du Rassemblement des républicains (RDR) samedi après-midi, lors d'une réunion à la Bourse du travail à Abidjan.
Quelques heures plus tôt, il battait campagne dans les rues animées du même quartier populaire de Treichville.
Toute autre ambiance lors de cette "rencontre avec le monde du travail" et l'Union générale des travailleurs de Côte d'Ivoire (UGTCI), plus vieille centrale syndicale du pays: devant quelque 1.500 personnes, il soigne son profil d'économiste sérieux, loin des polémiques.
En costume-cravate, il livre un discours précis de sa voix traînante, devant des représentants des transporteurs ou du personnel médical.
Etat des lieux accablant pour son grand rival, le président sortant Laurent Gbagbo: "la facilité et le clientélisme se sont installés", entreprises "sinistrées".
Mais pour ce technocrate, haut dirigeant du Fonds monétaire international (FMI) bombardé Premier ministre par un Houphouët vieillissant pour redresser un pays déjà en déclin, la régression n'est "pas irréversible".
"Je suis venu vous dire que les solutions existent", "ADO a des solutions", dit-il comme un refrain.Sur les murs de la ville, le message ressemble au slogan d'une marque commerciale: "ADO solutions".
M. Ouattara décline avec application les principaux points de son programme, notamment la création d'un "million d'emplois pour les jeunes", et les "milliards" qu'il entend y consacrer.
"La différence entre mon programme et les paroles des autres, c'est que nous chiffrons tout ce que nous voulons faire", explique-t-il."C'est pour ça qu'il y a des centaines de milliards".
Ses adversaires politiques, Laurent Gbagbo en tête, moquent ces sommes faramineuses alors que le pays tente de sortir de la spirale de l'endettement massif.
"Ceux qui ne connaissent pas l'économie ne savent pas qu'il faut de l'argent pour faire les choses", réplique-t-il, un brin dédaigneux.
"Si l'Etat est bien géré, on peut faire beaucoup de choses", insiste-t-il.Et de promettre de "débloquer les salaires", déclenchant aussitôt et sans surprise un tonnerre d'applaudissements.
Mais tous ces engagements ne suffisent pas à lui gagner la confiance d'une responsable du syndicat des sages-femmes qui l'interpelle, soupçonneuse: "les hommes politiques ne respectent pas les promesses qu'ils font aux syndicats..."
Alassane Ouattara lui jure qu'il n'aura qu'"une seule parole".Et donne un dernier coup de griffe à Laurent Gbagbo: "moi, je ne serai pas un président à deux bouches".
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