L'avocat défenseur des droits de l'Homme Khaled Ali a annoncé mercredi qu'il renonçait à se présenter à l'élection présidentielle égyptienne en mars face au sortant Abdel Fattah al-Sissi, seul candidat officiel à ce jour.
M. Sissi, qui dirige le pays d'une main de fer depuis son élection en 2014, a déposé officiellement mercredi sa candidature.
Depuis décembre, plusieurs candidats qui avaient annoncé leur intention de se présenter à l'élection ont été disqualifiés ou ont annoncé leur retrait de la course à la présidentielle.
Le dernier en date est Khaled Ali, opposant réputé, célèbre pour avoir mené une bataille judiciaire contre le régime de M. Sissi et pour avoir été candidat à la présidentielle de 2012 face à l'islamiste Mohamed Morsi.
"Aujourd'hui (mercredi), nous annonçons notre décision de ne pas participer à cette élection", a-t-il dit lors d'une conférence de presse au Caire.
M. Ali a déploré le fait que l'annonce de sa candidature en novembre avait "été accueillie avec une réaction de colère et d'irresponsabilité, se manifestant par l'arrestation d'un grand nombre de (ses) jeunes militants".
Il a ajouté que les candidats potentiels n'avaient pas eu le temps d'obtenir les parrainages nécessaires pour s'enregistrer avant la date butoir du 29 janvier, qui n'avait été annoncée que le 8 janvier par l'Autorité nationale des élections.
Selon cette figure de la révolte de 2011 qui a provoqué la chute de Hosni Moubarak, le calendrier électoral ne permet pas une "élection (présidentielle) libre et juste".
Le premier tour est prévu du 26 au 28 mars, après un mois de campagne électorale.
L'avocat a précisé que l'autorité électorale ne lui avait pas indiqué combien de signatures il avait obtenu.Selon la loi égyptienne, chaque candidat doit obtenir le soutien de 20 députés ou 25.000 signatures d'électeurs pour pouvoir se présenter.
- Plusieurs retraits et disqualifications -
La candidature de M. Ali demeurait incertaine en raison d'un procès en appel le concernant, après sa condamnation en première instance en septembre pour atteinte à la "décence publique" à cause d'un doigt d'honneur.
Connu pour son engagement au sein d'une ONG et de son parti laïc Pain et Liberté, l'avocat avait réussi en janvier 2017 à faire annuler par la Cour suprême administrative le transfert à l'Arabie saoudite des îles Tiran et Sanafir, en mer Rouge.
Malgré cette décision de justice et de nombreuses critiques -des opposants accusant même le président Sissi de "vendre l'Egypte"-, le Parlement égyptien avait ratifié ce transfert, promulgué en juin.
La décision de M. Ali intervient alors que plusieurs autres candidats, qui avaient annoncé leur intention de se présenter, ont, ces derniers temps, été disqualifiés ou ont annoncé leur retrait de la course à la présidentielle.
Le général à la retraite Sami Anan, ancien chef d'état-major de l'armée égyptienne, a ainsi été accusé mardi par l'armée d'avoir falsifié des documents pour pouvoir se présenter.Il est désormais considéré comme hors course et les autorités ont émis un ordre de non publication concernant les détails de son affaire, qui relève de la justice militaire.
L'ex-Premier ministre Ahmed Chafiq, perçu comme un possible adversaire gênant pour M. Sissi, avait annoncé fin novembre, depuis les Emirats arabes unis, son intention de se présenter.Mais à son retour d'exil début décembre, il avait renoncé après être resté introuvable pendant 24 heures.
Un autre candidat potentiel, le colonel Ahmed Konsowa, a été condamné en décembre, soit peu de temps après avoir annoncé son intention de se présenter, à six ans de prison pour "comportement nuisant aux exigences du système militaire".
Et le 15 janvier, le neveu de l'ancien président Anouar el-Sadate, Mohamed Anouar el-Sadate, devenu une voix dissidente, a annoncé qu'il ne serait pas candidat lui non plus, dénonçant un climat peu propice à un scrutin libre.
Le fantasque patron du club de football de Zamalek, Mortada Mansour, qui a annoncé son intention de se concourir, pourrait finalement être la seule personnalité à affronter M. Sissi en mars.
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