Des incertitudes pesaient à nouveau mardi sur la tenue du 2e tour de la présidentielle en Guinée déjà reporté en septembre et prévu dimanche, après des violences impliquant des partisans du candidat Cellou Dalein Diallo, qui exige le départ du président de la Commission électorale.
Les relations entre partisans de M. Diallo et forces de l'ordre deviennent de plus en plus tendues à l'approche du scrutin: au moins six d'entre eux ont été blessés mardi en banlieue de Conakry alors qu'ils lançaient des pierres contre les forces de l'ordre qui ont riposté en tirant à balles réelles.
La veille, des affrontements les avaient déjà opposés aux mêmes endroits, les premiers lançant des pierres contre les policiers qui avaient riposté à l'aide de gaz lacrymogène.
Après ces premiers incidents, le Premier ministre Jean-Marie Doré, avait déclaré qu'il ne tolèrerait plus de violences et donné des "ordres précis et impératifs" aux forces de l'ordre et de sécurité pour qu'elles fassent preuve de la plus grande fermeté à l'égard des fauteurs de troubles.
M. Diallo, qui a obtenu 43% des voix le 27 juin face à son principal adversaire Alpha Condé (18%), continue à exiger le départ du président de la Commission nationale électorale indépendante (Céni), Louncény Camara, qu'il accuse d'être un proche de son rival.
Son parti, l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), a demandé au président de la transition, le général Sékouba Konaté, de désigner une personnalité "neutre et consensuelle" à la tête de la Céni avant dimanche, menaçant de paralyser le pays et d'empêcher le scrutin.
Jeudi, à trois jours du vote, un tribunal de la banlieue de Conakry doit se prononcer sur une plainte de l'UFDG contre Louncény Camara, accusé de "fraude électorale" pour avoir subtilisé 109 procès verbaux lors du premier tour dans la circonscription de Ratoma à Conakry, la plus importante de Guinée.
Leur disparition avait entraîné l'annulation du vote dans l'ensemble de cette circonscription considérée comme un fief de M. Diallo et empêché son élection dès le premier tour, selon son parti.Louncény Camara n'était alors pas chef de la Commission électorale, poste auquel il a accédé fin septembre.
Quel que soit le jugement du tribunal, il ne pourra qu'accroître la tension: une condamnation de M. Camara le discréditerait comme président de la Céni et rendrait furieux le camp d'Alpha Condé, mais sa relaxe serait perçue comme une provocation par Cellou Dalein Diallo.
Dans ces conditions, souligne-t-on de source diplomatique, on voit mal comment organiser dimanche un scrutin apaisé et transparent dont les résultats seraient incontestables.
Un deuxième tour contesté serait le pire des scénarios pour un pays qui n'a connu depuis son indépendance que des régimes dictatoriaux et autoritaires et ouvrirait la voie à un nouveau coup d'Etat militaire, estiment les organisations de la société civile guinéenne.
Pour éviter ce risque, elles ont demandé au général Konaté de "dissoudre" le bureau de la Céni, de le remplacer par "un directoire composé de trois membres de la société civile et deux de l'administration", dirigé par une personnalité de la société civile.
A l'issue d'une rencontre vendredi avec le président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur dans la crise guinéeene, Saïd Djinnit, représentant de l'ONU en Afrique de l'Ouest, a affirmé que M. Compaoré était "déterminé à aider les Guinéens à trouver la voie qu'il faut pour la tenue des élections dans des conditions pacifiques".
Et pour nombre d'observateurs, cela passe par un nouveau report du second tour, initialement prévu le 19 septembre mais reporté quatre jours avant, officiellement pour des raisons "techniques", mais en réalité à cause des divisions qui ne cessent de miner la Céni.
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