L'ONU et la France ont appelé lundi les candidats à la présidentielle ivoirienne au respect des résultats, attendus d'ici mercredi, et à la "responsabilité" au lendemain de ce scrutin historique censé clore une décennie de crise politico-militaire.
La Commission électorale indépendante (CEI) a légalement jusqu'à mercredi pour proclamer les résultats provisoires mais, selon des sources concordantes, les choses devraient aller beaucoup plus vite dans ce pays coupé en deux depuis le putsch manqué de 2002.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé "tous les partis et candidats à jouer leur rôle pour maintenir un environnement calme".
Il les "exhorte à accepter les résultats proclamés et certifiés et à résoudre les éventuels contentieux par les voies légales existantes".
Les candidats "n'ont pas le choix", a prévenu son représentant à Abidjan Youn-jin Choi, à l'adresse des trois "grands", pour la première fois opposés: le président sortant Laurent Gbagbo, 65 ans, au pouvoir depuis 2000 malgré la fin de son mandat en 2005, l'ex-chef d'Etat Henri Konan Bédié, 76 ans, et l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara, 68 ans.
Au cours des derniers jours, la crainte de tensions ou de violences après le scrutin était forte parmi la population mais aussi à l'extérieur: pendant la campagne électorale, pourtant mesurée, chaque camp s'était dit certain de sa victoire.
Saluant comme l'ONU le "bon déroulement" de l'élection, Nicolas Sarkozy, président de l'ex-puissance coloniale française, a appelé les trois rivaux à garder le "même sens des responsabilités".
Les Ivoiriens se sont déplacés dimanche massivement, dans le calme et l'émotion, pour prendre part à la première élection véritablement ouverte de l'histoire du pays, repoussée six fois depuis 2005.
Le taux de participation avoisinerait les 70%, selon des indiscrétions, alors que quelque 5,7 millions d'inscrits devaient départager au total 14 candidats.
"Il y a une forte pression pour que la CEI donne les résultats ce (lundi) soir", a indiqué à l'AFP une source diplomatique, pour qui l'essentiel est de "canaliser" l'après-scrutin et d'éviter un long suspense propice aux impatiences et aux débordements.
Il s'agit de savoir si un candidat a réussi le tour de force de l'emporter dès dimanche ou si un second tour sera organisé (15 jours après la proclamation des résultats définitifs du premier tour par le Conseil constitutionnel), et entre quels adversaires.
A travers le pays, aucun incident notable n'avait été signalé dimanche, même si le vote a connu quelques carences d'organisation (retards dans l'ouverture des bureaux, absence d'une partie du matériel électoral...).
La sécurité du vote était assurée par des brigades mixtes loyalistes/FN fortes de quelque 6.600 éléments, soit moins que les 8.000 hommes prévus.Elles étaient épaulées par les ex-rebelles au nord, police et gendarmerie au sud, et l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci, plus de 8.500 hommes).
En ce lundi de Toussaint, le calme régnait toujours dans la capitale économique Abidjan et à Bouaké (centre), fief de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui tient le nord du pays depuis 2002.
La présidentielle est censée clore la crise ouverte par le putsch de 1999 et aggravée par le coup d'Etat raté de 2002, qui a entraîné une guerre et la partition de ce pays longtemps donné en exemple pour sa stabilité et son "miracle" économique.
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