Un second tour se dessinait mercredi entre le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara, après dépouillement de plus de la moitié des suffrages exprimés lors de la présidentielle historique de dimanche.
La Commission électorale indépendante (CEI) a promis de proclamer les résultats provisoires complets d'ici mercredi soir, mais de bons connaisseurs du dossier se montraient sceptiques au vu de l'ampleur de la tâche.
Laurent Gbagbo arrive en tête du premier tour avec près de 37% des voix, suivi d'Alassane Ouattara (34%), pour la première fois candidat, après dépouillement de plus de la moitié des suffrages, selon une compilation par l'AFP des résultats partiels communiqués par la CEI dans la nuit de mardi à mercredi.
Ces données partielles concernent une dizaine de régions sur 19 et une partie de la diaspora.
Le second tour de ce scrutin censé clore une décennie de crise politico-militaire serait organisé 15 jours après la proclamation des résultats définitifs du premier tour par le Conseil constitutionnel.Le 28 novembre est la date évoquée le plus souvent.
Malgré les messages rassurants des autorités, nombre d'Ivoiriens craignaient toujours des violences liées aux résultats, et Abidjan avait encore dans certains quartiers des airs de ville fantôme.
En la quasi-absence de données officielles, la capitale économique avait connu mardi une folle journée de rumeurs, dans un climat proche de la psychose.
Au pouvoir depuis 2000 malgré la fin de son mandat en 2005, M. Gbagbo, 65 ans, candidat de "La majorité présidentielle" (LMP), recueille plus de 900.000 voix, soit 36,6% des quelque 2,4 millions de suffrages exprimés.
Empêché de se présenter en 2000 pour "nationalité douteuse" et symbole des déchirements identitaires ivoiriens, M. Ouattara, 68 ans, chef du Rassemblement des républicains (RDR), réunit plus de 830.000 voix (33,8%).
L'ex-chef de l'Etat Henri Konan Bédié, 76 ans, président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, ancien parti unique), est pour l'heure nettement devancé, avec quelque 664.000 voix (26,9%).
N'ayant pas a priori d'importantes réserves de voix dans les régions restantes, M. Bédié, qui tentait de reconquérir le fauteuil dont il fut chassé en 1999 par le premier coup d'Etat de l'histoire du pays, ne paraît pas en mesure de s'inviter en "finale".
Dans le district d'Abidjan (un tiers des quelque 5,7 millions d'inscrits), M. Gbagbo se taille pour l'instant la part du lion avec plus de 50% dans les quatre "communes" dont les résultats ont été proclamés.
Remportant les quartiers populaires de Yopougon et d'Attécoubé, le Plateau (administration et affaires) et le quartier chic de Cocody, il semble profiter d'un vote "transethnique" des nombreux jeunes urbains.
Selon ces données partielles, M. Ouattara reste maître dans le nord, terre des "dioulas" (une des principales ethnies, majoritairement musulmane).
M. Bédié règne dans le centre, fief des akan, une autre importante ethnie.Il arrive ainsi en tête dans la capitale politique Yamoussoukro, fondée par le "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny.
Le scrutin, six fois repoussé depuis 2005, est censé effacer la crise ouverte en 2002 par le putsch manqué de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), qui a débouché sur une guerre et la partition du pays en un sud loyaliste et un nord aux mains des FN.
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