Procès Pistorius: le champion à la barre pour donner sa version des faits

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Pretoria (AFP)

Le champion paralympique Oscar Pistorius revient à la barre pour le deuxième jour consécutif : après avoir longuement évoqué son enfance, la star sud-africaine devrait donner sa version de la nuit de la Saint-Valentin, la nuit du 14 février 2013 au cours de laquelle il a tué sa compagne Reeva Steenkamp. 

Submergé par l'émotion,Oscar Pistorius a présenté lundi en pleurs ses excuses pour le meurtre de sa petite amie Reeva Steenkamp, avant que la juge n'écourte sa déposition, la toute première depuis le drame, parce qu'il était "visiblement épuisé".

"Je me réveille la nuit avec l'odeur du sang", a-t-il raconté devant le tribunal de Pretoria où il comparaît depuis début mars.Il prend, dit-il, des médicaments, a perdu du poids et souffre de "terribles cauchemars", allant jusqu'à se réfugier parfois dans un placard quand il a peur la nuit.

"Je veux saisir cette occasion pour présenter mes excuses à M. et Mme Steenkamp.(...) J'ai essayé de coucher mes mots sur le papier pour vous écrire, mais les mots ne suffiront jamais", a-t-il lancé aux parents de sa victime. 

June Steenkamp, la mère de Reeva, est restée de marbre.

Pistorius, qui a toujours soutenu qu'il croyait tirer sur un cambrioleur lorsqu'il a abattu son amie en février 2013, a poursuivi: "J'essayais seulement de protéger Reeva, je veux que les gens sachent qu'elle était aimée quand elle est allée se coucher ce soir-là."

L'accusation soutient au contraire qu'il a tué Reeva après une violente dispute.

Interrogé sur sa famille, son enfance et sa carrière sportive par son avocat Barry Roux, Oscar Pistorius, 27 ans, s'est ensuite repris.Non sans émotion, les sanglots n'étant jamais loin quand il a évoqué sa mère, décédé quand il avait 15 ans. 

"Ma mère se faisait beaucoup de soucis pour la sécurité.Nous avons grandi dans une famille où mon père n'était pas souvent là, et elle avait souvent peur la nuit, il lui arrivait d'appeler la police", a-t-il témoigné à la barre.

"Elle conservait une arme à feu dans une housse rembourrée sous son oreiller", a ajouté le jeune homme.

Quand il a abordé la mort de sa mère --la seule fois de sa vie où il a, dit-il, touché à une drogue, en fumant un joint--, sa soeur Aimée s'est mise à pleurer dans les rangs du public.

 

- "Nous priions ensemble" -

 

Pendant sa déposition, Oscar Pistorius a raconté comment sa vie avait été marquée par la criminalité, omniprésente en Afrique du Sud: son père a été attaqué deux fois en voiture, son frère a failli l'être, lui-même a été suivi un soir, on lui a tiré dessus sur une autoroute, il a été cambriolé en 2005, il a vu un intrus un soir dans son jardin... 

Habilement dirigé par les questions de son avocat Barry Roux, il a dressé de lui-même le portrait d'un jeune homme sensible, attaché à sa famille et à ses amis, aimant les chiens, et multipliant les bonnes actions.Loin du flambeur paranoïaque qu'avaient décrit la presse sud-africaine et les témoins à charge.

"La religion est très importante pour moi.(...) Mon Dieu est un Dieu de refuge", a aussi relevé Oscar Pistorius, même s'il a pu douter après la mort de sa mère. 

Reeva Steenkamp était une "bénédiction" car elle avait la foi, et était "une chrétienne très croyante", a d'ailleurs noté l'athlète."Nous priions ensemble le soir."

Balbutiant, Oscar Pistorius avait alors de plus en plus de mal à trouver ses mots, avouant qu'il était "épuisé".

"Avez-vous dormi la nuit dernière?", lui a demandé Me Roux.

"Non, Monsieur.Il y a beaucoup de choses qui circulent dans ma tête."

Et l'avocat de demander un ajournement de l'audience, alors que son client n'avait parlé qu'une heure et demie.

"Si ce n'est pas la même chose tous les jours et que le procès peut avancer, je n'ai pas d'objection", a maugréé le procureur Gerrie Nel.

"Il a vraiment l'air épuisé.A l'entendre, il est épuisé", a reconnu la juge Thokozile Masipa, renvoyant l'audience à mardi matin.

Le début de l'audience, lundi, avait été consacré au témoignage du médecin légiste Jan Botha. 

Le spécialiste a notamment confirmé l'ordre des impacts des quatre balles tirées par Oscar Pistorius tel qu'avancé par l'accusation: d'abord la hanche, la tête en dernier.

Reeva aurait donc eu le temps de crier avant de mourir, comme l'estime le procureur...Sauf si les coups de feu ont été tirés en rafale, comme l'a suggéré Me Roux.

Mais la défense affirmait jusqu'à présent que l'athlète avait tiré ses coups de feu en deux fois.Elle a ainsi changé sa version des faits, ce qu'a relevé le procureur Nel avec gourmandise.

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