Le Maroc a demandé aux bateaux de pêche européens de quitter avant mercredi minuit ses eaux en riposte à un vote du parlement européen jugé "regrettable" par Rabat, ce qui ouvre la voie à une grave crise entre les 27 et leur partenaire du sud de la Méditérrannée.
Rabat a réagi avec une extrême célérité au vote quelques heures plus tôt des députés européens rejetant la prolongation d'un an d'un accord de pêche entre l'Union européenne et le Maroc, pourtant approuvé par la Commission cinq mois plus tôt.
L'UE est le principal partenaire économique du Maroc.
"Aucune activité de pêche de la flotte européen ne sera tolérée et tous les bateaux opérant dans le cadre de l'accord de pêche Maroc-UE sont invités à quitter les eaux territoriales nationales ce mercredi avant minuit", a indiqué mercredi soir un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères.
"La décision du Parlement européen marque un développement regrettable, aux conséquences sérieuses sur l'avenir de la coopération entre le Maroc et l'UE en matière de pêche", selon le communiqué.
Les 27 Etats de l'UE avaient donné leur feu vert le 12 juillet à une prolongation d'un an de cet accord qui permet à quelque 120 bateaux de pêche européens d'opérer dans les eaux du Maroc en échange d'une contrepartie financière européenne de 36,1 millions d'euros annuels.
Les députés européens ont bloqué l'accord en demandant notamment que les intérêts de la population sahraouie soient mieux pris en compte.
Le Front Polisario qui revendique l'indépendance de cette ancienne colonie espagnole annexée par Rabat en 1975 s'est pour sa part félicité du vote des députés européens qualifiant le blocage de l'accord de "défaite juridique et politique" pour le Maroc.
"Il s'agit de l'oeuvre d'un lobby hostile aux intérêts du Maroc.Ce vote pénalise les pêcheurs espagnols qui opèrent en grand nombre dans les eaux marocaines alors que leur pays traverse une grave crise", a indiqué à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, un responsable marocain de ce secteur.
Selon lui, "des chalutiers espagnols notamment opèrent dans les eaux sous souveraineté marocaine ainsi qu'au large du Sahara" occidental, cette région étant considéré par le Maroc comme faisant partie intégrante de son territoire.
Soulignant la gravité du vote des députés de Strasbourg, le communiqué marocain est allé jusqu'à indiquer que ce blocage "interpelle, à l'évidence, les autorités du Royaume quant à l'opportunité d'une réévaluation globale de son partenariat avec l'UE".
Le Maroc a en effet jugé que le vote du parlement européen intervenait au moment où "des négociations sont en cours avec l'UE dans le cadre de perspectives mutuellement prometteuses sur d'autres volets de coopération".
La Commission européenne avait annoncé fin septembre qu'elle allait proposer l'ouverture prochaine des négociations avec quatre pays --Egypte, Jordanie, Maroc, Tunisie --en vue de signer des accords de libre-échange comme l'UE s'y est engagée dans la foulée du printemps arabe.
Le chef de la Délégation de l'UE au Maroc, Eneko Landaburu, a regretté le vote du parlement européen, estimant que la perspective d'un nouvel accord reste "néanmoins totalement ouverte".
"Contre l'avis des Etats membres, de la Commission européenne et de Mme Ashton, Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, le parlement européen a voté contre la proposition de prorogation du protocole de l'accord de pêche entre l'UE et le Maroc" a affirmé M. Landaburu dans un communiqué diffusé par l'agence marocaine MAP.
La Commission européenne a annoncé qu'elle allait "pleinement respecter" ce vote des députés européens et demander aux ministres européens de la Pêche, qui se réunissent jeudi à Bruxelles, d'annuler l'application de l'accord.
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