L'ONU, Union européenne, la France, des ONG internationales: les appels se multiplient pour réclamer à la République démocratique du Congo une enquête "indépendante", deux jours après la mort dans des circonstances troubles d'un militant des droits de l'Homme à Kinshasa.
Président de l'ONG la Voix des sans-voix (VSV), Floribert Chebeya, 47 ans, l'un des plus respectés militant des droits humains en RDC, a été retrouvé mort mercredi matin à l'arrière de sa voiture sur une route de la capitale.Selon la police, il avait les mains liées derrière le dos, le pantalon et le sous-vêtement rabaissés sur les genoux.
Son chauffeur qui l'avait conduit à un rendez-vous à l'inspection générale de la police mardi en fin de journée, selon la VSV, est toujours porté disparu depuis, ont indiqué vendredi à l'AFP cette ONG et la police.
Vendredi, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a demandé aux autorités congolaises "de mettre en oeuvre une enquête impartiale et transparente sur les circonstances" de cette mort.
La veille, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait réclamé une enquête "approfondie, transparente et indépendante, et dans le plein respect des procédures en vigueur dans un Etat de droit".L'ONU s'est déclarée prête, si la demande en est faite par la RDC, à apporter son soutien à cette enquête.
La France a également souhaité "toute la lumière sur les circonstances de ce décès".
Comme les ONG locales, qui ont évoqué un "assassinat ignoble", les organisations internationales Human Rights Watch, Global Witness, Amnesty international et Protection International estiment indispensable une enquête "indépendante, impartiale", "crédible et transparente", "sans interférence politique".
Protection International demande à la Mission de l'ONU (Monuc) et à la mission de police de l'UE (Eupol) en RDC "d'assister, en fonction de leurs mandats respectifs, les services de police et les services judiciaires dans les tâches policières et judiciaires qui incombent aux autorités congolaises".
Faut-il encore que le gouvernement de la RDC accepte cette assistance, alors que du point de vue technique et scientifique notamment, la police congolaise n'a "pas les capacités de mener à bien" l'enquête, relève un enquêteur sous couvert d'anonymat.
"Il n'y a qu'un seul médecin légiste en RDC, âgé de près de 80 ans.Il n'y a pas de laboratoire pour exploiter les indices et preuves qui auraient été relevés sur la scène de crime", ajoute cette source.
Jusque-là, le gouvernement, par la voix de son ministre de l'Intérieur, Adolphe Lumanu, a déclaré avoir "ordonné à tous les services de sécurité et de renseignement de mener, sans désemparer, des enquêtes, en vue de déterminer les circonstances exactes" de l'assassinat de M. Chebeya.
Mais depuis la découverte du corps de M. Chebeya, "c'est comme s'ils ne font pas d'enquête", regrette un militant de la VSV.
Des ONG s'inquiètent aussi des premières déclarations de la police qui avait assuré mercredi que la cadavre était "apparemment sans trace visible de violence".
Or jeudi, un militant de la VSV qui a pu voir partiellement le corps à la morgue de Kinshasa, où il s'est rendu avec deux membres de la section des droits de l'Homme et un policier de la Monuc, a déclaré à l'AFP avoir relevé "du sang sur la bouche, le nez et les oreilles (de la victime), et un gonflement au niveau du front et du cou".
Vendredi, le rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires de l'ONU, Philip Alston, a estimé "vraisemblable" la "participation" du gouvernement congolais dans la mort de Floribert Chebeya."Il n'y a pas de raison de penser que ce sera une véritable enquête", a-t-il estimé.
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