Le procès de huit policiers congolais, dont le chef des services spéciaux, accusés de l'enlèvement et l'assassinat en juin du militant des droits de l'Homme Floribert Chebeya, a débuté vendredi devant la cour militaire de Kinshasa.
Cette première audience, qui a duré un peu moins de deux heures, a été consacrée à l'identification de cinq des huit prévenus, trois étant en fuite et jugés par défaut.La prochaine audience a été fixée au 3 décembre.
Tous les prévenus sont accusés d'"association de malfaiteurs, enlèvement, assassinat et terrorisme", et les trois absents -deux majors et un adjudant- aussi pour "désertion".
Vêtus de leur tenue de policiers avec leur grade à l'épaulette, le colonel Daniel Mukalay, chef des services spéciaux de la police nationale, le major Georges Kitungwa, le lieutenant François Ngoy, le sous-lieutenant Michel Mwuila et l'adjudant Blaise Mandiangu, ont chacun décliné leur identité au président de la cour, le colonel Camille Masungi.
A la question de ce dernier "Avez-vous déjà été condamné ?", le colonel Mukalay, 46 ans, a répondu: "Non, pas encore".
Contrairement aux autres accusés, le colonel Mukalay, qui portait des lunettes fines cerclées de rouge, est apparu plutôt sûr de lui, saluant notamment d'autres policiers présents à l'audience.
Comme ceux d'autres accusés, l'avocat du colonel, Me Bokata Ikundaka, a estimé hors audience que "la vérité (allait) éclater" lors du procès, à savoir "l'innoncence de (son) client".
Dans la petite salle d'environ 40 m2, sans climatisation, plus d'une centaine de personnes s'étaient entassées, la plupart debout, dont une trentaine d'avocats, principalement de la partie civile, des proches de Floribert Chebeya et membres de son ONG La Voix des sans voix (VSV).
Environ 200 autres personnes ont dû rester à l'extérieur du bâtiment, sans rien voir ni entendre, ont constaté des journalistes de l'AFP.
M. Chebeya, 47 ans, a été retrouvé mort le 2 juin dans sa voiture, les mains liées dans le dos, sur une route en périphérie de Kinshasa, au lendemain d'un rendez-vous, qui n'a pas eu lieu, avec le chef de la police, le général John Numbi, suspendu depuis de ses fonctions.
Son chauffeur, Fidèle Bazana, qui l'avait accompagné, est toujours porté disparu et son corps n'a jamais été retrouvé.
La veuve de M. Chebeya, partie mi-septembre avec ses cinq enfants vivre au Canada, était absente, contrairement à la femme du chauffeur, venue avec deux de ses enfants.
"On attend un procès juste et équitable mais comme le général John Numbi est absent à l'audience (comme accusé), ça ne sera pas vraiment possible", a déploré à l'AFP Lucrèce Bawukabio, directrice exécutif adjointe de la VSV, avant l'ouverture du procès.
"Pour nous, c'est le suspect numéro un, c'est contre lui qu'on a déposé plainte", a-t-elle ajouté.Comme d'autres membres de l'ONG, elle avait revêtu un T-shirt jaune sur lequel on pouvait lire "la VSV demande justice" sous les portraits des deux disparus.
Cité comme témoin à charge par la partie civile -constituée des familles Chebeya et Bazana et de la VSV-, le général Numbi a fait une très courte apparition devant la cour lors de l'appel des témoins.
L'officier, qui a le titre d'inspecteur général de la police, est apparu un peu raide dans son uniforme, avant de s'éclipser.
"C'est dégoûtant de le voir là comme simple témoin.Cela fait très mal", a commenté à l'AFP Mme Bawukabio.
A la demande de la partie civile, qui réclamait notamment une autre salle pour le procès et du temps pour étudier le dossier d'instruction, la cour a suspendu l'audience avant la lecture des faits reprochés aux accusés, et décidé de la reprise du procès le 3 décembre.
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