Plus de cinq mois après la mort violente en RDC du militant congolais des droits de l'homme Floribert Chebeya, huit policiers dont le chef des services spéciaux, seront jugés à partir de vendredi pour "enlèvement et assassinat" devant une cour militaire à Kinshasa.
Seuls cinq accusés seront présents à l'audience, deux majors et un adjudant sont "en fuite" et seront jugés par défaut, a précisé à l'AFP le greffe de la cour militaire de la Gombe à Kinshasa, où le procès doit débuter à 09H00 vendredi, lors d'une audience publique.
Les huit policiers sont jugés pour "association de malfaiteurs, enlèvement, assassinat et terrorisme", et les trois absents également pour "désertion", selon la même source.
Le principal accusé est le colonel Daniel Mukalay, chef des services spéciaux de la police nationale, arrêté peu après le meurtre.
Marié et père de cinq enfants, militant respecté et connu, président-fondateur de l'ONG la Voix des sans voix (VSV), Floribert Chebeya, 47 ans, a été retrouvé mort le 2 juin dans sa voiture, les mains liées dans le dos, pantalon et sous-vêtement baissés aux genoux, sur une route en périphérie de Kinshasa.
La veille au soir, il avait un rendez-vous --qui n'a pas eu lieu-- avec le chef de la police, le général John Numbi, suspendu "à titre conservatoire" de ses fonctions depuis le 5 juin.
Des préservatifs et des mèches de cheveux de femme avaient été retrouvés dans la voiture, et des ONG avaient dénoncé un "montage grossier".
Son chauffeur, Fidèle Bazana, qui l'avait accompagné, est porté disparu.Pour la VSV, les deux hommes ont été "assassinés".
Selon le rapport d'autopsie, réalisée à Kinshasa le 11 juin par des experts légistes néerlandais, M. Chebeya a succombé à un arrêt cardiaque après avoir subi des mauvais traitements.
Les causes certaines du décès n'ont pas été déterminées, mais les experts ont relevé des "lésions cutanées superficielles (...) avec épanchement de sang", sur les poignets, les avant-bras et les jambes, évoquant la possibilité d'un "garrottage serré, la mise en place de liens, des coups, des heurts".
Ces violences n'ont toutefois "pas joué un rôle significatif" dans la mort du militant, avaient précisé les experts.
Le meurtre du président de la VSV avait suscité de vives réactions d'indignation en RDC et à l'étranger.
La Voix des sans voix n'a jamais cessé de réclamer l'arrestation du général Numbi en le qualifiant de "suspect numéro un".
Elle a récemment dénoncé un "déni de justice" après le renvoi du dossier devant une cour militaire, qui ne juge que des officiers de grade égal ou inférieur à celui de colonel, excluant donc une comparution du chef de la police, souvent considéré comme un proche du président congolais Joseph Kabila.
L'ONG VSV a fait état d'"informations" sur "la mobilisation tous azimuts de personnalités politiques et financières de haut rang en faveur" du général Numbi, qui "auraient promis de tout mettre en oeuvre" pour qu'il "ne puisse être poursuivi".
Peu après le meurtre, une source proche de la présidence avait déclaré à l'AFP que le colonel Mukalay était "passé aux aveux", s'était dit "simple exécutant" et avait "mis en cause" John Numbi.
"Une trentaine d'avocats dont trois Français, y compris le président d'Avocats sans frontières/France", représenteront les parties civiles (familles Chebeya et Bazana, VSV), a indiqué à l'AFP Me Joseph Mukendi, coordonnateur du collectif des ces avocats.
"Nous allons chercher la vérité, aller jusqu'au bout pour poursuivre les commanditaires et les exécutants" de l'assassinat de Foribert Chebeya, a-t-il déclaré.
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