Moïse Katumbi, emblématique gouverneur du Katanga, la région la plus riche de la République démocratique du Congo, a exclu mardi de démissionner comme le souhaiterait une coalition de la société civile, tout en assurant ne pas vouloir s'"accrocher au pouvoir".
"Je respecte beaucoup la société civile et la population katangaise, malheureusement, les élections ne sont pas organisées par Moïse Katumbi", a-t-il déclaré.
"J'ai dit moi-même que je travaillais dans l'illégalité parce que mon mandat était terminé et qu'on attendait des élections", a ajouté M. Katumbi, "s'il y a une loi qui dit que nous devons partir et laisser les autres continuer moi je suis prêt [...] je ne veux pas m'accrocher au pouvoir."
Le gouverneur faisait référence au fait qu'il a été élu pour un mandat de cinq ans en 2007 et que les élections des gouverneurs de province qui devaient avoir lieu en 2012 n'ont jamais pu se tenir, du fait de la crise politique née de la présidentielle contestée de 2011, qui a permis au président Joseph Kabila, à la tête de l'Etat depuis 2001, de se maintenir au pouvoir pour cinq ans de plus.
La question du calendrier des différents scrutins retardés devant mener à la présidentielle de 2016 est aujourd'hui au coeur des spéculations politiques en RDC, le clan présidentiel étant soupçonné de vouloir tout faire pour conserver le pouvoir, quitte à changer la Constitution pour permettre à M. Kabila de rester.
En l'absence de démenti formel et public du chef de l'Etat, la confusion est entretenue par le gouvernement qui, publiquement, n'a pas exclu l'hypothèse d'une modification constitutionnelle avant 2016.
Lundi, le Cadre de concertation de la société civile du Katanga a publié un communiqué demandant aux gouverneurs des onze provinces de "déposer leur démission pour contraindre la Commission électorale nationale indépendante à organiser de nouvelles élections".
Province aux ressources minières énormes, le Katanga est la région d'origine de M. Kabila.
M. Katumbi a amassé une immense fortune, notamment dans les mines avant d'entrer en politique en soutenant M. Kabila.Agé de 49 ans et populaire, grâce à son club de football du TP Mazembe, notamment, mais aussi pour avoir contribué à l'amélioration des conditions de travail dans le secteur minier, il est vu par certains comme l'un des meilleurs successeurs possibles au chef de l'Etat mais n'a jamais exprimé publiquement d'ambitions politiques nationales.
"La politique c'est une prison", "c'est beaucoup de sacrifices", a-t-il dit mardi à l'AFP, "sans le savoir vous n'êtes pas libre de faire ce que vous étiez en train de faire dans le temps".
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