RDC: la loi électorale examinée au Parlement, une manifestation d'opposition réprimée

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Kinshasa (AFP)

La police congolaise a dispersé violemment lundi à Kinshasa une manifestation dénonçant le projet de modification de la loi électorale, dont l'examen s'est ouvert à l'Assemblée nationale.

L'opposition, qui a tenté en vain d'empêcher la séance de se poursuivre, estime que ce texte n'a d'autre but que de retarder la prochaine présidentielle afin de permettre au président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, de se maintenir en place au-delà du terme de son mandat expirant fin 2016.

Les forces de l'ordre avaient bouclé dès le début de la matinée les abords du Palais du Peuple, le Parlement.Peu avant midi, une trentaine de policiers anti-émeutes ont dispersé à coups de grenades lacrymogènes et assourdissantes plus de 300 opposants réunis à proximité, selon des journalistes de l'AFP présents sur les lieux.

Souhaitant marcher jusqu'au Parlement, les opposants en ont été empêchés par les forces de l'ordre.

Après quelques échauffourées, le calme est revenu aux alentours de 14h00 (13h00 GMT).Les journalistes de l'AFP ont pu voir trois personnes blessées aux jambes ou à l'oreille, apparemment par les éclats des grenades lancées par les policiers.

La police a indiqué n'avoir reçu du gouverneur de la capitale aucun ordre autorisant une manifestation lundi.

Le débat en séance plénière sur le texte controversé s'est finalement ouvert vers 15h30 (14h30 GMT) à l'Assemblée nationale sous les sifflets de l'opposition.Pendant une heure et demie, une vingtaine de députés, sifflet aux lèvres, ont entretenu un bruit de fond ininterrompu.

Menaçant de faire évacuer les gêneurs, le président de l'Assemblée nationale, Aubin Minaku, s'est ravisé et à laisser le "débat général" s'ouvrir, intervenant à quelques reprises pour moquer "l'échec" des opposants à mobiliser suffisamment de monde pour se faire entendre dans la rue.Il aurait fallu "trois millions de personnes comme à Paris hier", a-t-il déclaré.

Les opposants ont finalement quitté l'hémicycle vers 17h00, laissant plus de 300 députés de la majorité présidentielle continuer les travaux.

"C'est dommage et ridicule [de voir] à quel point un régime peut vouloir se maintenir de force", a déclaré à l'AFP Samy Badibanga, chef du groupe parlementaire UDPS (Union pour la démocratie et le progrès sociale), première force de l'opposition au Parlement.

- "Camp militaire" -

 

"Ce palais [...] est le Palais du peuple mais malheureusement on a transformé le lieu en un camp militaire", a-t-il déploré.

Le Parlement est en session extraordinaire jusqu'au 26 janvier et les élus de l'opposition avaient annoncé préalablement qu'ils boycotteraient les séances consacrées à la loi électorale afin de ne pas se rendre complice de ce qu'ils qualifient de "forfaiture".

Samedi, les trois principaux partis de l'opposition - UDPS, Mouvement de libération du Congo (MLC), Union pour la Nation congolaise (UNC) - et plusieurs dizaines de petits partis ont appelé à une "mobilisation" populaire contre le projet du gouvernement "consistant à obtenir la révision de la loi électorale dans l'intérêt d'une personne au détriment de l'intérêt général".

Arrivé à la tête de l'�?tat à la mort de son père, Laurent-Désiré Kabila, chef rebelle ayant pris le pouvoir par les armes, Joseph Kabila a été élu président en 2006 lors des premières élections libres de la RDC depuis son indépendance de la Belgique en 1960. 

Il a été réélu en novembre 2011 pour un nouveau mandat de cinq ans à l'issue d'élections contestées par l'opposition et marquées par des irrégularités massives. 

La Constitution interdit à M. Kabila de se représenter à l'issue de ce mandat.

Le texte du gouvernement conditionne la tenue des prochaines élections législatives et présidentielle, censées avoir lieu fin 2016, aux résultats du recensement général de la population devant commencer cette année.

Le dernier recensement de la population en RDC remonte à 1984, et le gouvernement fait valoir la nécessité d'un nouveau décompte de la population comme une exigence démocratique pour assurer aux élections un caractère pleinement représentatif.

Certains diplomates et analystes estiment qu'un recensement général de la population dans un pays grand comme près de cinq fois la France, pratiquement dépourvu d'infrastructures et où pullulent encore une cinquantaine de groupes armés dans la partie est, pourrait prendre jusqu'à trois ans.

 

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