RDC: le procès d'un chauffeur de l'ONU rappelle la gestion difficile des mines

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KINSHASA (AFP) - (AFP)

La condamnation mercredi d'un chauffeur de l'ONU pour trafic de minerai rappelle la difficulté de maîtriser l'exploitation minière en République démocratique du Congo, notamment dans les trois provinces de l'est où 80% des exportations échappent au contrôle de l'Etat.

Le chauffeur congolais de la Mission de l'ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco) avait été arrêté dimanche soir à Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu (est), avec plus d'une tonne de cassitérite qu'il tentait de convoyer au Rwanda voisin avec un véhicule de l'ONU.

Le gouvernement congolais a estimé lundi que l'arrestation du chauffeur questionnait "la conformité de la pratique de certains acteurs de la Mission onusienne avec les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité régissant leur présence en RDC et les lois congolaises".

La Monusco a pour sa part affirmé qu'une telle arrestation était une première depuis son déploiement en 1999 sur le territoire congolais."Je vous mets au défi de me prouver qu'il y a eu d'autres cas", a affirmé mercredi à la presse Manodje Mounoubai, porte-parole de la Mission.

Les véhicules de la Monusco ne sont habituellement pas contrôlés.Les gardes à la frontière congolo-rwandaise disent avoir arrêté la jeep que conduisait Julien Mukala parce que les 1.200 kilos de cassitérite ralentissaient anormalement l'allure du véhicule.

Jugés depuis lundi, Julien Mukala et son complice Dodo Mukanza ont été condamnés mercredi à trois ans de prison et à une amende de 25.000 dollars américains.Le jugement rapide doit avoir "un caractère intimidant et dissuasif", a expliqué à l'AFP une source judiciaire.

"Intimidant et dissuasif" car, selon un rapport officiel datant de fin 2009, 80% des exportations de minerais échappent au contrôle de l'Etat dans les provinces du Nord et Sud Kivu et du Maniema (est), riches en cassitérite et en coltan (largement utilisés en électronique), ainsi qu'en gisements d'or.

Des groupes rebelles, des milices locales et des militaires sont régulièrement accusés d'exploiter illégalement les minerais.Le président Joseph Kabila avait suspendu le 9 septembre l'exploitation dans les trois provinces, en dénonçant l'activité de "groupes mafieux" et "l'implication" d'autorités civiles et militaires dans le commerce illicite de minerais.

L'armée avait mené dès septembre des opérations dans les Kivu pour chasser les rebelles.Toutefois, selon l'ONG Global Witness, "la taxation illégale imposée par ces groupes armés se serait accentuée pendant l'interdiction alors que des éléments de l'armée resserraient leur mainmise sur le commerce des minerais et que la contrebande s'intensifiait".

En outre, alors que la suspension d'exploitation prenait fin début mars, six civils en train d'exploiter des mines avaient été arrêtés début novembre au Nord-Kivu, et 2,5 tonnes de cassitérite avaient été saisies.Début février, huit expatriés -- des Américains, un Français et des Nigérians -- ont aussi été arrêtés à Goma, soupçonnés d'être impliqués dans un trafic d'or.

Une loi adoptée en 2010 par le congrès des Etats-Unis demande aux entreprises américaines d'établir si le minerai acheté en RDC est issu de conflits."La loi est bonne (...) mais en pratique cela pousse des petits malins à développer des mécanismes d'exploitation frauduleuse", a déclaré à l'AFP Naasson Kubuya Ndoole, ministre provincial des Mines du Nord-Kivu.

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