RDC: manifestations de colère à Beni après un nouveau massacre

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Beni (RD Congo) (AFP)

Des centaines de personnes vivant à Beni, dans l'est de la République démocratique du Congo, ont manifesté leur colère mardi après un énième massacre de civils, en accusant les plus hautes autorités du pays de ne rien faire pour protéger la population.

Depuis octobre, la ville et ses environs ont été endeuillés par une succession de massacres attribués aux rebelles ougandais musulmans des Forces démocratiques alliées (ADF) ayant fait plus de 300 morts.

Excédés, les habitants de Beni sont descendus mardi dans les rues en formant plusieurs cortèges dans cette ville du nord de la province du Nord-Kivu, selon un journaliste de l'AFP et des témoins.

Selon une source militaire, un véhicule de l'armée a été caillassé par des manifestants scandant des slogans hostiles à l'armée.

"Le gouvernement a échoué dans sa mission de protéger la population", a déclaré à l'AFP un défenseur des droits de l'Homme sous couvert d'anonymat, notant que les manifestants reprenaient des slogans hostiles non seulement à l'armée mais aussi au président congolais Joseph Kabila et au gouvernement.

Cinq personnes, selon une source officielle, ont été tuées à l'arme blanche lundi soir à Mavivi, à 5 km au nord-est de la ville, comme tant d'autres avant elles, alors qu'elles revenaient des champs. 

Près de l'hôtel de ville, la police a tenté de disperser en fin de matinée les manifestants en tirant des balles en l'air, selon le journaliste de l'AFP.Des policiers ont ensuite tiré des grenades lacrymogènes contre un autre rassemblement, ont affirmé des témoins.Le calme est revenu dans l'après-midi sans qu'aucun blessé soit signalé.

En début de soirée, le ministre de l'Intérieur, �?variste Boshab, et le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, sont arrivés à Beni par avion, selon un membre de leur délégation.Ils doivent rester pour une durée indéterminée en ville, où plusieurs dizaines de personnes déplacées en provenance de Mavivi étaient signalées en fin d'après-midi. 

Située à 250 km au nord de Goma, Beni est une place commerciale importante et le fief des Nande, communauté dont les principaux dirigeants s'étaient ralliés massivement à une milice soutenue par l'Ouganda pendant la deuxième guerre du Congo (1998-2003). 

La ville compte environ 500.000 habitants et est une plaque tournante pour le commerce et le trafic du bois dans la région des Grands Lacs.

Lundi, une ONG locale, la Société civile de Beni, avait lancé une opération "ville morte" jusqu'à nouvel ordre pour protester contre l'insécurité.Angèle Nyirabitaro, maire par intérim de Beni, a appelé mardi en vain la population à reprendre le travail.

 

- Promesses non tenues - 

 

La Société civile de Beni appelle les habitants à ne pas travailler tant que les autorités n'auront pas procédé "au changement du commandement des opérations Sukola-1 qui ont failli à leur mission" de protéger la population. 

L'opération Sukola-1 a été lancée par l'armée congolaise début 2014 contre les ADF, rebelles opposés au président ougandais Yoweri Museveni installés dans l'est du Congo depuis 1995.Elle est dirigée par un proche de M. Kabila, le général Muhindo Akili "Mundos".

Fin octobre, M. Kabila s'était rendu à Beni et avait promis à la population que l'armée allait "vaincre" les ADF.Il avait aussi annoncé un changement dans le commandement de Sukola-1 qui n'est jamais venu.

Début novembre, deux jours seulement après le départ du président de Beni, et à la suite d'un nouveau massacre, une foule en colère avait déboulonné une statue du président installée sur un rond-point de la ville.

Le Nord-Kivu est déchiré par des conflits depuis plus de vingt ans.Depuis le début du mois, la situation s'est fortement dégradée dans la région de Beni, où 14 civils et deux soldats de la Mission de l'ONU au Congo (Monusco) ont été tués dans trois attaques imputées aux ADF.

Ce nouveau regain de violences survient après l'annonce de l'arrestation du chef des ADF, Jamil Mukulu, courant avril en Tanzanie.L'armée congolaise a affirmé de son côté avoir tué fin avril le numéro trois du mouvement, Kasada Karume.

En décembre, une opération conjointe de l'armée congolaise et de la Monusco avait contribué à ramener le calme dans la zone mais les massacres de civils n'ont jamais totalement cessé. 

L'offensive conjointe, elle, s'est arrêtée du fait de la brouille entre la Monusco et les autorités de Kinshasa, qui n'entretiennent pratiquement plus de coopération militaire depuis quelques mois.

 

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