Une violente émeute a éclaté dimanche après une nouvelle tuerie attribuée aux rebelles ougandais de l'ADF à Beni, ville de l'est de la République démocratique du Congo déjà endeuillée mi-octobre par le massacre d'une trentaine de personnes.
Le président Joseph Kabila avait quitté la ville quelques heures auparavant seulement, après avoir promis une réaction ferme à cette série de massacres.
Le bilan de la dernière tuerie, commise samedi soir dans l'est de la ville, dans le quartier Bel-Air, varie de sept à 11 morts selon les sources.
Selon Teddy Katalika, président de la Société civile du territoire de Beni, une fédération d'associations locales, "on a tué huit personnes: deux militaires et six civils".
M. Kataliko a ajouté que les responsables étaient des éléments "présumés appartenir à l'ADF", les rebelles musulmans ougandais des Forces démocratiques alliées qui sévissent depuis près de 20 ans dans la région.
Dans l'après-midi, la Société civile de la province du Nord-Kivu, où se trouve Beni, a donné un bilan de 11 morts, tués "essentiellement par armes blanches".
Ainsi, du 2 octobre au 2 novembre, les "massacres successifs des ADF" ont coûté la vie à "environ 120 personnes" et poussé des milliers de familles à fuir, a-t-elle recensé.
"Toutes les dépouilles sont arrivées à la morgue, il y a huit corps.Il y a un enfant, trois femmes, le reste sont des hommes.Deux militaires ont été tués par balles, l'enfant a été percé par un couteau et les autres par machette", avait indiqué dans la matinée Chirac Katalya, journaliste et membre de la société civile.
Les autorités locales ont pour leur part annoncé au moins sept morts.
"Il y a eu sept morts, dont deux militaires", a affirmé Julien Paluku, gouverneur du Nord-Kivu.Le maire de Beni, Bwanakawa Nyonyi, a évoqué dix morts.
- Violations du couvre-feu -
Une manifestation de protestation a dégénéré dimanche matin en émeute.
"La population (...) a procédé à des manifestations violentes.Elle voulait s'en prendre aux édifices publics.(...) Tous les édifices publics ont été protégés mais il s'en sont pris à la statue du président Kabila", a déclaré le maire.
Selon le journaliste Chirac Katalya, la police a tiré en l'air pour disperser la foule."Une personne a été blessée par balle à la cheville" et deux policiers ont également été touchés, a-t-il ajouté.
Suite aux échauffourées, un calme précaire s'est installé pour quelques heures: le centre-ville de Beni s'est vidé, les églises ne comptaient que quelques fidèles ou avaient fermé leurs portes et la circulation était quasiment inexistante.
Dans l'après-midi, le maire de Beni a annoncé un couvre-feu de "18H30 à 06H00", qui n'a pas été respecté, selon M. Katalya.
"Des feux sont allumés sur presque toutes les bifurcations de la ville.Ils sont entourés d'hommes, de femmes et de jeunes qui veulent assurer leur défense", a-t-il décrit."La police tire en l'air.Je crois que c'est pour disperser les gens, pour ne pas que l'ennemi n'en profite pour s'infiltrer."
Hostile au président ougandais Yoweri Museveni, l'ADF est active depuis 1995 dans une région montagneuse du territoire de Beni, où elle commet des exactions (massacres, enrôlements forcés, pillages...) contre les civils et se livre à des lucratifs trafics, dont celui de bois.
Depuis début octobre, les attaques attribuées à l'ADF dans la région ont fait une centaine de victimes, dont des enfants, tuées à l'arme blanche et parfois décapitées.Dans la nuit du 15 au 16 octobre, une trentaine de personnes avaient péri à Beni même.
L'armée congolaise et la Mission de l'ONU (Monusco) ont lancé depuis janvier une série d'attaques qui ont affaibli l'ADF.Celle-ci a toutefois conservé une capacité de nuisance et repris l'initiative depuis la mort brutale, en août, du général Jean-Lucien Bahuma, chef des opérations de l'armée congolaise.
Vendredi, s'exprimant pour la première fois sur les massacres, le président Kabila avait promis que la RDC allait "vaincre" l'ADF et demandé à la Monusco (quelque 20.000 hommes au total) de renforcer sa présence dans le territoire de Beni - ce que la force de l'ONU a accepté.
Il faudra aussi le soutien de la population, affirme le gouverneur Paluku."C'est comme s'il y avait une complicité interne car ces gens viennent commettre leur forfait et les forces armées n'arrivent pas à les retrouver.On finit par se demander s'il n'y a pas certains complices qui les hébergeraient."
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