"Les populations civiles du Sahel sont les premières victimes" de la violence qui ravage la région, a rappelé Victor Ouedraogo, prêtre à Ouahigouya (nord du Burkina Faso), lors d'une visioconférence de presse avec des représentants civils malien et nigérien.Avec près de 800.000 déplacés, quelque 300.000 élèves privés d'école, le Burkina Faso est un des pays les plus touchés par la crise, a rappelé le prêtre, soulignant qu'"il ne se passait plus une semaine sans qu'une nouvelle macabre soit annoncée": attaques jihadistes, exactions des forces de sécurité ou de groupes d'autodéfense.Amnesty International a accusé dans un rapport mardi des soldats du Burkina, du Mali et du Niger de "semer la terreur et commettre des tueries dans des villages sous couvert d'opérations antiterroristes"."La protection des civils est délaissée au profit de l'approche antiterroriste mise en avant par les Etats de la région" et leurs partenaires internationaux, a renchéri Drissa Traoré, de l'Association malienne des droits de l'Homme (AMDH).Alors que se tient vendredi la première réunion ministérielle de la Coalition pour le Sahel, annoncée en janvier lors du sommet de Pau (sud de la France), les participants à cette conférence de presse ont appelé à "replacer la protection des civils au coeur de toute la stratégie".A Pau, le président français Emmanuel Macron, dont le pays déploie 5.100 militaires dans la région, et ses homologues du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) avaient décidé d'intensifier la lutte antijihadiste face à la recrudescence d'attaques, qui, mêlées à des conflits intercommunautaires, ont fait plus de 4.000 morts en 2019, selon l'ONU.Cette coalition doit aider les pays du G5 Sahel sur les plans militaire, civil (police et justice) et économique, avec l'aide au développement."La lutte contre les groupes armés terroristes ne saurait constituer l'unique horizon politique et stratégique de la coalition internationale", a insisté Niagale Bagayoko, présidente du Réseau africain du secteur de la sécurité.Les acteurs civils locaux, en première ligne dans des territoires abandonnés par l'administration, "doivent être impliqués et participer à la mise en oeuvre des stratégies sécuritaires", a insisté Victor Ouedraogo."Il y a eu tellement de conférences, tellement de rencontres sur le Sahel. Nous avons besoin d'une vraie volonté politique" qui prenne en compte les questions de justice, de bonne gouvernance et de développement, a exhorté M. Traoré.
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