Sarkozy reconnaît la "responsabilité" de la France dans l'abandon des harkis

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PERPIGNAN (AFP) - (AFP)

A une semaine du premier tour de la présidentielle, Nicolas Sarkozy a respecté une de ses promesses de 2007 en reconnaissant officiellement samedi la "responsabilité historique" de la France dans "l'abandon" des harkis à la fin de la guerre d'Algérie en 1962.

Le temps était compté.A un mois de la fin de son mandat, le candidat UMP a brièvement repris sa casquette de chef de l'Etat pour satisfaire enfin, comme il s'y était engagé il y a cinq ans, une vieille revendication des anciens supplétifs de l'armée française en Algérie et de leurs descendants, une communauté riche de quelque 500.000 personnes.

Après une visite -- une première pour un président de la Ve République -- du camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) où de nombreux harkis ont été parqués à leur arrivée en France en 1962, Nicolas Sarkozy a saisi l'occasion d'une remise de décoration d'un de leurs anciens officiers, le général François Meyer, pour prononcer des mots attendus depuis cinquante ans.

"La France se devait de protéger les harkis de l'histoire, elle ne l'a pas fait.La France porte cette responsabilité devant l'histoire, c'est cette responsabilité que je suis venu reconnaître ici à Perpignan", a-t-il dit sous les applaudissements de nombreux harkis et rapatriés d'Algérie.

"La France doit, comme elle l'a toujours fait, regarder son histoire en face et assumer les erreurs qu'elle a pu commettre.En l'occurrence, rien ne peut expliquer, rien ne peut excuser l'abandon de ceux qui avaient fait le choix de la France", a insisté le chef de l'Etat, "maintenant que la faute a été reconnue, c'est le temps du pardon et de la réconciliation".

Au lendemain des accords d'Evian du 18 mars 1962 consacrant le retrait français d'Algérie, 55.000 à 75.000 harkis, selon les historiens, ont été abandonnés en Algérie et victimes de sanglantes représailles.Quelque 60.000 ont été admis en France, logés dans des camps de fortune du sud du pays.

Depuis 2001, une journée nationale d'hommage aux harkis commémore l'engagement des harkis pendant la guerre d'Algérie.

Et pendant sa campagne électorale en 2007, M. Sarkozy avait promis de reconnaître "officiellement la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre des harkis", ainsi que des "réparations", une promesse que leurs associations lui reprochaient jusque-là de ne pas avoir tenue.

A l'approche de la présidentielle et du 50e anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie, ce dossier est revenu en tête des priorités du président-candidat, avec l'ambition de regagner les voix d'une communauté des harkis et des rapatriés d'Algérie que lui dispute âprement le Front national.

En 2007, ces "pieds noirs" avaient largement voté pour le candidat Sarkozy, lui attribuant 31% des suffrages au premier tour contre 18% à Jean-Marie Le Pen.Mais aujourd'hui, sa fille Marine, candidate du FN, le devance avec 28% des intentions de vote, contre 26% au candidat UMP, d'après une récente étude du Cevipof.

Le 9 mars à Nice, Nicolas Sarkozy avait reconnu devant leurs représentants les "injustices" dont les autorités françaises s'étaient rendues coupables à leur encontre et reconnu que la France avait "une dette" envers eux.

Encore insuffisant, avaient jugé les harkis.D'autant que, au début du mois, le rival PS de Nicolas Sarkozy, François Hollande, s'est engagé à "reconnaître publiquement les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis".

C'est aujourd'hui chose faite.

Juste avant l'arrivée du président à Perpignan, le FN y a réuni 150 personnes pour dénoncer son "opération de récupération politique" auprès des harkis.

Les membres de la communauté eux-mêmes ont accueilli avec prudence le geste de Nicolas Sarkozy."C'est un premier pas", a confié Nordine Abid, responsable d'une association de harkis de l'Hérault, "mais gare aux effets de manche, le combat continue"."Il avait cinq ans pour le faire et il vient à une semaine des élections", a grogné, amer, Mohammed Bounoua, "c'est notre bulletin de vote qui l'intéresse, pas nous".

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