L'appel à manifester mardi à Dakar de l'opposition et de la société civile sénégalaises contre la candidature du chef de l'Etat Abdoulaye Wade à la présidentielle de février fait craindre des dérapages après des violences qui ont déjà fait trois morts depuis la fin de la semaine dernière.
Un rassemblement de l'opposition et de la société civile, regroupés au sein du Mouvement du 23 juin (M23), n'a pas été autorisé par le ministère de l'Intérieur au motif que ses organisateurs n'ont pas fait de "déclaration préalable" de manifestation comme l'exige la loi.
Cela signifie que, théoriquement, les forces de sécurité sont autorisées à disperser les manifestants dès qu'ils commenceront à se rassembler.
Le M23 a appelé à ce rassemblement place de l'Obélisque à Dakar pour exiger le retrait de la candidature de M. Wade, 85 ans et au pouvoir depuis douze ans, à la présidentielle, une candidature dont la validité a été confirmée dimanche par le Conseil constitutionnel.
Ce rassemblement fait craindre de nouvelles violences après celles qui se sont produites depuis le 27 janvier, date de la première validation de la candidature Wade, à Dakar et à Podor (nord), qui ont fait trois morts, dont un policier, plusieurs blessés et d'importants dégâts.
Le M23 a prévu d'organiser plusieurs manifestations et rassemblements dans le cadre de sa campagne "de résistance active et pacifique" destinée à contraindre le président Wade à retirer sa candidature au scrutin dont le premier tour est prévu le 26 février.
Ils ont qualifié cette candidature de "coup d'Etat constitutionnel", arguant qu'il a épuisé ses deux mandats légaux (élection en 2000, réélection en 2007), ce que récusent ses partisans qui soulignent qu'il est en droit de se représenter après des modifications de la Constitution.
"Conditions désastreuses"
Les violences déclenchées à Dakar après l'annonce de la validation de la candidature de M. Wade, au cours desquelles un policier a été tué par un jet de pierre, ont été suivies par des dizaines d'arrestations, selon le M23.
Alioune Tine, coordonnateur du mouvement et figure respectée au Sénégal ainsi qu'en Afrique de l'Ouest pour son action en faveur de la défense des droits de l'homme, a été libéré lundi soir après plus de 48 heures de garde à vue pendant laquelle il a été interrogé sur son rôle présumé dans ces violences.
Aucune charge n'a finalement été retenue contre lui.Il s'est déclaré "heureux d'être libre", mais a dénoncé ses conditions de détention pendant la première nuit, "dans des conditions désastreuses"."C'est inhumain, c'est dégradant, ça viole la dignité de l'homme", mais "c'est une expérience intéressante pour un défenseur des droits de l'homme", a-t-il affirmé.
La candidature du chef de l'Etat n'est pas seulement contestée par ses opposants, les Etats-Unis l'ayant invité à "laisser la place à la prochaine génération".
"Nous comprenons leur préoccupation, mais c'est trop tard, Abdoulaye Wade est candidat", a répondu El Hadj Amadou Sall, responsable de la campagne de M. Wade.
Le porte-parole de la présidence, Serigne Mbacké Ndiaye, a lui estimé qu'être "candidat ne signifie rien"."Le véritable combat, c'est celui que nous devons tous mener pour arriver à une élection transparente", a-t-il affirmé.
Il a mis en garde contre ceux qui veulent "mener ce pays au chaos", en ajoutant que le pouvoir entendait "faire respecter l'ordre" au Sénégal.
Deux civils ont été tués par balle lundi lors d'une manifestation de militants du M23 à Podor, dans le nord.
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