Le journaliste sénégalais Abdou Latif Coulibaly, très critique à l'égard du pouvoir, a été condamné mardi à un mois de prison avec sursis par un tribunal de Dakar pour "diffamation" envers un conseiller du président Abdoulaye Wade.
"Le tribunal reconnaît coupable Abdou Latif Coulibaly de diffamation", indique le jugement qui condamne à la même peine deux autres journalistes, Aliou Niane et Alioune Badara Coulibaly, collaborateurs de Abdou Latif Coulibaly, pour "complicité de diffamation".
Les trois prévenus et leur journal, l'hebdmadaire La Gazette sont également condamnés à payer "20 millions de FCFA (environ 30.500 euros) à titre de réparations" à Thierno Ousmane Sy, conseiller du président Wade pour les Technologies de l'information et la communication (TIC) et fils du ministre sénégalais de la Justice, Cheikh Tidiane Sy.
Le tribunal a aussi ordonné la publication du jugement dans plusieurs journaux sénégalais.
L'hebdomadaire La Gazette, dirigé par M. Coulibaly, avait affirmé que "des étrangers, en association avec des nationaux très haut placés dans les structures de l'Etat s'étaient partagé 40 millions de dollars" de commissions, en 2007, dans le cadre de la vente d'une licence de téléphonie au groupe soudanais Sudatel.
Puis La Gazette avait annoncé, en Une, que Thierno Ousmane Sy était parmi les Sénégalais "identifiés comme étant au centre du scandale".
Outre ses activités de journaliste, Abdou Latif Coulibaly est également auteur de plusieurs livres d'enquêtes très critiques envers la gestion du président Abdoulaye Wade et de son fils Karim, ministre d'Etat chargé de l'Energie, de la coopération internationale, des transports aériens et des infrastructures.
Le jugement a été rendu en présence de M. Coulibaly et de ses deux confrères condamnés avec lui et en l'absence du conseiller du président sénégalais en TIC, Thierno Ousmane Sy.
"On a gagné", s'est écrié Me El Hadji Diouf, un des avocats de M. Sy, à l'annonce du jugement rendu dans une salle comble.
Dans un communiqué rédigé à l'avance et distribué à la presse quelques minutes après ce jugement, l'hebdomadaire La Gazette estime n'être "pas surpris par ce verdict qui confirme naturellement la tendance fâcheuse des juridictions sénégalaises qui, trop souvent, interprètent et appliquent la loi sur les délits de presse en général et la loi sur la diffamation en particulier, de façon restrictive et mécanique".
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