Simone Gbagbo et Dominique Ouattara, l'autre match de l'élection ivoirienne

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ABIDJAN (AFP)

C'est l'autre match du second tour de la présidentielle ivoirienne de dimanche: Simone Gbagbo, la "dame de fer" du régime, et la Française Dominique Ouattara mettent tout leur poids pour faire gagner "Laurent" et "Alassane".

En militante acharnée, "Simone" a battu la campagne pour ce scrutin à l'issue très incertaine.

Pour apporter des voix au président-candidat Laurent Gbagbo (38% au premier tour le 31 octobre), celle qui fonda avec lui clandestinement dans les années 1980 le Front populaire ivoirien (FPI, socialiste) a concentré ses efforts sur les cruciaux électeurs baoulé.

D'une rencontre avec les "chansonniers baoulé" en visites de terrain, la native de Bonoua (sud) n'hésite pas à s'exprimer dans leur langue, elle qui appartient à une ethnie apparentée.

Stature imposante, pagne africain de rigueur, la "première dame" est une pure politique aussi redoutée que contestée.

Du président français Jacques Chirac à la rébellion qui tenta de renverser son mari en 2002, la liste est longue de ceux qui ont subi les foudres de cette nationaliste sourcilleuse.Ses détracteurs voient l'ancienne opposante en complice ou instigatrice des "dérives" du régime.

Bien avant que le "camarade Laurent" ne s'y mette ces derniers jours, elle pilonnait l'ancien Premier ministre Ouattara.

En visite jeudi dans le populaire quartier abidjanais d'Abobo, dont elle députée mais où le candidat d'opposition est arrivé en tête, elle ne se prive pas de l'accabler.

"Le pouvoir de Laurent Gbagbo a été attaqué par Alassane Ouattara en 2002.Si tu mets un guerrier à la tête de ton pays, c'est que tu veux la violence!", tranche-t-elle devant des chefs traditionnels sénoufo, communauté du nord musulman proche de son rival.

Si elle s'est mise aussi aux pagnes multicolores, la blonde Dominique Ouattara a choisi le créneau de l'humanitaire, avec sa fondation "Children of Africa" (Enfants d'Afrique), pour épauler son mari (32% le 31 octobre).

Les supporters de ce dernier l'appellent parfois "Fanta", prénom du nord musulman dont est originaire son époux.Elle cache derrière ses sourires presque timides une "femme de pouvoir", témoigne un ex-collaborateur de cette chef d'entreprise ayant fait fortune dans l'immobilier.

Mais c'est d'une voix fluette que jeudi, tandis que Mme Gbagbo arpentait les ruelles d'Abobo, elle interpellait les centaines de personnes venues près d'un centre sportif d'Abidjan recevoir des soins gratuits, trois jours avant le second tour.

"Cher frère, chère soeur, pense a ta santé!", lance-t-elle.

A ses côtés, la discrète Henriette Bédié, mariée à l'ex-président Henri Konan Bédié, éliminé au premier tour mais dont les voix, essentiellement baoulé, sont ardemment courtisées.Façon d'illustrer l'alliance entre leurs époux, et de tirer un trait sur un passé de déchirements entre les deux camps.

Au plus fort de cette rivalité dans les années 1990, "Dominique" avait été la cible de violentes attaques de partisans de Bédié.Mais si elle se plaît à évoquer les "démunis", de ce passé explosif en pleine campagne elle ne parlera pas.

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