Le palais présidentiel de Mogadiscio a été visé vendredi par un spectaculaire attentat "commando" revendiqué par les islamistes shebab qui a fait des morts mais dont le dirigeant somalien est sorti indemne, selon des responsables somaliens et onusiens.
Une voiture piégée a d'abord explosé contre l'enceinte du complexe, pourtant très sécurisé.Ont immédiatement suivi une dizaine d'hommes armés, qui ont pu pénétrer dans l'enceinte, ont rapporté des sources sécuritaires et des témoins.
Le gouvernement somalien a assuré avoir repris le contrôle de la situation après l'attaque.
"Le président (Hassan Cheikh Mohamoud) vient de m'appeler pour dire qu'il n'était pas blessé", a déclaré sur Twitter le représentant spécial de l'ONU pour la Somalie, Nick Kay, ajoutant que l'attaque avait coûté la vie à plusieurs autres personnes.
Selon un haut responsable gouvernemental s'exprimant sous couvert d'anonymat, un membre du cabinet du Premier ministre et un ancien chef-adjoint des services de renseignements figurent parmi les victimes.
"Selon les premières informations, une voiture piégée a heurté la grille et explosé, puis des hommes armés ont suivi", a de son côté expliqué un policier, Mohamed Ali.
Selon un témoin, Hussein Isa, un kamikaze a foncé à bord de la voiture remplie d'explosifs contre le mur d'enceinte.Un autre véhicule, avec à son bord les hommes armés, a immédiatement suivi.
Des échanges de coups de feu ont alors été entendus, a poursuivi ce témoin, qui se trouvait dans un bâtiment proche.
Selon des journalistes de l'AFP présents à proximité du palais, les coups de feu avaient cessé vers 12H00 GMT, mais la zone restait bouclée par les forces de sécurité somaliennes et des soldats de la Force de l'Union africaine en Somalie (Amisom).
"La situation est revenue à la normale, sous contrôle des forces de sécurité", a affirmé le ministre de la Sécurité nationale, Abdikarim Hussein Guled, devant la presse, affirmant que les forces de sécurité avaient "tué des terroristes".
- Attaques de plus en plus sophistiquées -
Les islamistes shebab, affiliés à Al-Qaïda et qui ont juré la pertes des autorités somaliennes, ont immédiatement revendiqué cette attaque.
"Nos commandos ont attaqué le prétendu palais présidentiel pour tuer ou arrêter ceux qui sont à l'intérieur", a déclaré à l'AFP leur porte-parole Aziz Abu Musab.
Il a expliqué que "l'assaut" envoyait le message "qu'aucun endroit n'est sûr pour le gouvernement apostat".
"L'aéroport, le soi-disant palais présidentiel, comme tout autre endroit en Somalie peuvent être attaqués suivant nos plans", a ajouté le porte-parole des insurgés islamistes.
Le président somalien, dont l'arrivée au pouvoir avait déclenché un vent d'optimisme parmi la communauté internationale, avait déjà été la cible d'un attentat moins de 48 heures après son élection en septembre 2012.
Des kamikazes s'en étaient pris à un hôtel où le nouveau chef de l'Etat séjournait encore.Hassan Cheikh Mohamoud n'avait déjà alors pas été blessé.
L'attaque de vendredi contre le palais présidentiel intervient également une semaine à peine après un autre impressionnant attentat dans la capitale somalienne, lui aussi revendiqué par les shebab.
Le 13 février, six personnes au moins avaient ainsi péri dans un attentat à la voiture piégée revendiqué par les islamistes et visant un convoi de l'ONU à l'entrée du complexe lui aussi ultra-sécurisé de l'aéroport de Mogadiscio.
Le complexe abrite notamment le quartier-général de l'Amisom, des bureaux de l'ONU et des antennes diplomatiques occidentales.Une équipe de conseillers militaires américains déployée depuis janvier en Somalie pour aider la force africaine y est également basée.
Les shebab ont été chassés de la capitale somalienne en août 2011 par la fragile armée somalienne et la force de l'ONU.
Depuis, ils ont aussi perdu leurs bastions des sud et centre somaliens.
Mais ils continuent de contrôler de vastes zones rurales et, à Mogadiscio, de lancer des attaques de type guérilla de plus en plus sophistiquées, qui se sont multipliées ces derniers temps.
Le 1er janvier 2014, un double attentat à la voiture piégée devant un hôtel de la capitale, fréquenté par des responsables somaliens et étrangers en visite dans la capitale somalienne, avait encore fait au moins onze morts.
La Somalie est plongée dans le chaos et la guerre civile depuis la chute du président Siad Barre en 1991.
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