Le palais présidentiel de Mogadiscio a été visé vendredi par un spectaculaire attentat commando revendiqué par les islamistes shebab, qui, outre les assaillants, a coûté la vie à au moins cinq personnes mais dont le dirigeant somalien est sorti indemne.
Une voiture piégée a d'abord explosé contre l'enceinte du complexe présidentiel Villa Somalia, pourtant très sécurisé.Ont immédiatement suivi une dizaine d'hommes armés qui ont pénétré dans l'enceinte, ont rapporté des sources sécuritaires et des témoins.
Le gouvernement assurait avoir repris le contrôle de la situation en milieu d'après-midi.Le président, Hassan Cheikh Mohamoud, dont le pays tente difficilement de sortir de deux décennies de guerre civile, a présenté ses condoléances aux familles des victimes et promis de poursuivre la lutte contre les "ennemis de la paix".
Selon la police, "neuf assaillants" ont péri dans l'attaque, qui a par ailleurs fait cinq victimes - des responsables somaliens ou des soldats.Un haut responsable gouvernemental s'exprimant sous couvert d'anonymat a indiqué qu'un membre du cabinet du Premier ministre et un ancien chef adjoint des services de renseignements figuraient parmi ces victimes.
L'Union des journalistes somaliens a précisé qu'un journaliste, Ahmed Said Ahmed, travaillant pour Radio Kulmiey, avait été gravement blessé dans l'attaque et se trouvait dans un état critique.
"Une voiture piégée a heurté la grille et explosé, puis des hommes armés ont suivi", avait expliqué au début de l'attaque un policier, Mohamed Ali.
Un témoin, Hussein Isa, a confirmé qu'un kamikaze a foncé à bord de la voiture remplie d'explosifs contre le mur d'enceinte.Un autre véhicule, avec à son bord les hommes armés, a immédiatement suivi.Des échanges de coups de feu ont alors été entendus, a poursuivi ce témoin.
Selon des journalistes de l'AFP, les coups de feu avaient cessé vers 12H00 GMT mais la zone restait bouclée par les forces de sécurité somaliennes et des soldats de la Force de l'Union africaine en Somalie (Amisom).
"La situation est revenue à la normale, sous contrôle des forces de sécurité", a affirmé le ministre de la Sécurité nationale, Abdikarim Hussein Guled.
- Attaques de plus en plus sophistiquées -
Les shebab, qui ont juré la perte des autorités somaliennes, ont immédiatement revendiqué l'attaque.
"Nos commandos ont attaqué le prétendu palais présidentiel pour tuer ou arrêter ceux qui sont à l'intérieur", a déclaré à l'AFP leur porte-parole Aziz Abu Musab, expliquant que "l'assaut" montrait "qu'aucun endroit n'est sûr pour le gouvernement apostat"."L'aéroport, le soi-disant palais présidentiel, comme tout autre endroit en Somalie peuvent être attaqués suivant nos plans".
Hassan Cheikh Mohamoud a rétorqué que les attaques des shebab, qu'il a qualifiés de "groupe marginal en voie d'extinction", ne parviendraient pas à avoir "un impact significatif" sur la reconstruction du pays.
Le président somalien, dont l'arrivée au pouvoir avait déclenché un vent d'optimisme parmi la communauté internationale, avait déjà été la cible d'un attentat moins de 48 heures après son élection, en septembre 2012.Il n'avait pas été blessé.
L'attaque de vendredi survient une semaine à peine après un autre impressionnant attentat dans la capitale somalienne, également revendiqué par les shebab: le 13 février, six personnes au moins avaient péri dans l'explosion d'une voiture piégée visant un convoi de l'ONU à l'entrée du complexe ultra-sécurisé de l'aéroport de Mogadiscio.
Celui-ci abrite notamment le quartier général de l'Amisom, des bureaux de l'ONU et des antennes diplomatiques occidentales.
Les shebab, affiliés à Al-Qaïda, ont été chassés de la capitale somalienne en août 2011 par la fragile armée somalienne et la force de l'UA.Depuis, ils ont perdu leurs bastions dans le sud et le centre du pays.
Mais ils continuent de contrôler de vastes zones rurales et, à Mogadiscio, de lancer des attaques de type guérilla de plus en plus sophistiquées, qui se sont multipliées ces derniers temps.
Le 1er janvier, un double attentat à la voiture piégée devant un hôtel de la capitale, fréquenté par des responsables somaliens et étrangers en visite dans la capitale somalienne, avait encore fait au moins 11 morts.
La Somalie est plongée dans le chaos et la guerre civile depuis la chute du président Siad Barre en 1991.
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