La Somalie est plongée dans une crise politique profonde depuis le deuxième semestre 2020, marquée par son incapacité - faute de consensus politique - à organiser des élections fin 2020-début 2021 comme prévu. Lundi, les députés ont voté une loi prévoyant la tenue d'une élection au scrutin universel direct en 2023 et prolongeant de deux ans le mandat - expiré en février - du président Mohamed Abdullahi Mohamed, dit "Farmajo". L'adoption de cette loi, signée depuis par le président, a suscité des réactions de vive inquiétude de la part de partenaires et importants contributeurs du gouvernement fédéral, Etats-Unis et Union européenne (UE) en tête."Si nous apprécions l'attention que portent nos amis et partenaires internationaux à la stabilité et la sécurité de la Somalie, il est regrettable de voir des champions des principes démocratiques ne pas soutenir les aspirations du peuple somalien à exercer leurs droits démocratiques", écrit le ministère des Affaires étrangères dans ce communiqué."Les déclarations incendiaires chargées de menaces, qui sapent l'indépendance politique et la souveraineté des institutions nationales, ne feront qu'encourager les organisations terroristes et les éléments opposés à la paix en Somalie", poursuit le texte.La communauté internationale a multiplié ces dernières semaines les appels à la tenue d'élections le plus rapidement possible.Les Etats-Unis se sont dits mardi "profondément déçus" par la volonté de prolonger le mandat présidentiel.Cela "créerait de profondes divisions, saperait le processus de fédéralisme et les réformes politiques qui ont été au coeur des progrès du pays et de son partenariat avec la communauté internationale, et détournerait l'attention de la lutte contre les (islamistes) shebab", a estimé mardi le secrétaire d'État américain Antony Blinken dans un communiqué.Cette loi "obligera les États-Unis à réévaluer leurs relations bilatérales" avec le gouvernement somalien et "à considérer tous les outils disponibles, y compris les sanctions et les restrictions de visa", a-t-il mis en garde.Jugeant également que ce texte "va diviser la Somalie", le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrel, a appelé à "un retour immédiat aux négociations pour la tenue d'élections sans délai". "A défaut, l'UE envisagera de nouvelles mesures concrètes", a-t-il prévenu.En 2017 et 2018, la Somalie a reçu chaque année 2 milliards de dollars (1,67 milliard d'euros) d'aides publiques au développement, selon des données du gouvernement somalien. L'UE et les Etats-Unis figurent parmi les tous premiers contributeurs de cette aide qui représente environ 27% du Produit intérieur brut (PIB) de ce pays très pauvre de la Corne de l'Afrique.
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