Le Comité international de la Croix rouge (CICR) a annoncé jeudi la suspension de ses distributions alimentaires à 1,1 million de personnes du centre et du sud somaliens, largement contrôlés par les insurgés islamistes shebab, après l'interception de son aide par les autorités locales.
"La suspension restera d'actualité tant que nous n'aurons pas reçu l'assurance des autorités contrôlant ces zones que les distributions peuvent prendre place sans entrave et atteindre toutes les personnes dans le besoin," a déclaré Patrick Vial, chef de la délégation somalienne du CICR.
Le CICR est l'une des rares organisations humanitaires qui travaille encore dans ces zones des sud et centre somaliens.Mais depuis la mi-décembre, dit-il, les autorités locales y ont bloqué la distribution d'aide destinée à 240.000 personnes dans les régions du Moyen Shabelle et de Galgadud.
Le CICR ne désigne pas les autorités qui ont intercepté son aide.La région du Moyen Shabelle est contrôlée par les shebab, un mouvement qui se revendique d'Al-Qaïda.Celle de Galgadud est plus divisée, contrôlée partiellement par les insurgés mais aussi par une milice ennemie, Ahlu Sunna wal Jamaa.
Des ONG sous pression
"Nous recherchons activement la coopération des autorités locales pour restaurer les conditions qui permettront une reprise des activités suspendues, aussi vite que possible," a poursuivi M. Viel, dans un communiqué.
Dans ces régions troublées du sud et du centre somalien, le CICR maintient tout de même d'autres activités, notamment les soins apportés à plus de 170.000 enfants victimes de malnutrition.En plus de ses activités d'urgence, le Comité travaille aussi dans la zone sur l'accès aux soins de santé et à l'eau potable.
La province du Moyen Shabelle fait partie des trois régions somaliennes encore en situation de famine selon les Nations unies.L'ONU craint toujours que quelque 250.000 Somaliens ne meurent de faim.
La Somalie a été touchée par la terrible sécheresse de la Corne de l'Afrique.Et la crise alimentaire y a été aggravée par des combats incessants - le pays est en état en guerre civile depuis 20 ans.
Ces violences permanentes font d'ailleurs du pays l'un des plus dangereux pour les travailleurs humanitaires.
Fin décembre, Médecins sans frontières (MSF) a perdu à Mogadiscio deux collaborateurs, belge et indonésien, tués par balles par un employé local tout juste renvoyé.Deux membres espagnoles de l'ONG, enlevées dans les camps de réfugiés de Dadaab au Kenya voisin, sont aussi retenues en otage en Somalie.
Beaucoup d'humanitaires se sont retirés de certaines zones en raison de cette insécurité, ou parce que les shebab, qui les accusent de visées politiques pro-occidentales et de vouloir saper les traditions islamiques de la nation, les ont chassés.
Fin novembre, les insurgés avaient interdit dans les zones sous leur contrôle 16 ONG et agences onusiennes, dont le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR), l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Fonds pour l'enfance (Unicef) et Action contre la faim (ACF).
Ces derniers mois, les shebab, qui avaient déjà abandonné leurs positions clé dans Mogadiscio en août, voient un étau militaire de forces régionales se resserrer autour d'eux.
S'ils continuent de mener des actions de guérilla dans la capitale somalienne, où est basée la force de l'Union africaine (Amisom) qui intervient en soutien du gouvernement somalien de transition (TFG), ils font face aux incursions de troupes kényanes au sud, et éthiopiennes à l'ouest.
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