Un peu plus de deux semaines après avoir signé un cessez-le-feu qui peine toujours à être respecté, les belligérants du conflit qui a éclaté mi-décembre au Soudan du Sud devaient se retrouver lundi à Addis Abeba pour de nouveaux pourparlers.
Le gouvernement sud-soudanais du président Salva Kiir et les partisans de son ancien vice-président Riek Machar - à qui il avait fallu une vingtaine de jours de laborieuses négociations pour s'accorder sur une simple cessation des hostilités - doivent désormais tenter de trouver un accord politique mettant fin durablement au conflit qui les oppose.
"Le deuxième cycle de négociations sud-soudanaises, axé sur le dialogue politique et la réconciliation nationale, sera officiellement lancé (...) lundi 10 février", a annoncé dimanche l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), organisation sous-régionale est-africaine médiateur dans le conflit.
La situation militaire, dans ce pays immense et sans réseau routier, reste peu claire et de nombreuses violations du cessez-le-feu continuent d'être signalées.Pour l'heure, seul un groupe précurseur de l'Igad, composé de 14 personnes, est depuis début février à Juba pour étudier le futur déploiement des observateurs chargés de surveiller le respect du cessez-le-feu.
Le conflit a fait plusieurs milliers de morts depuis mi-décembre et a chassé près de 900.000 personnes de leurs foyers.Aux combats, qui après Juba se sont rapidement propagés au reste du pays, se sont ajoutés des massacres à caractère ethnique entre communautés Dinka et Nuer, les deux principales du pays, auxquelles appartiennent respectivement MM.Kiir et Machar.
Aucun ordre du jour précis ni calendrier n'a été communiqué pour les nouvelles négociations à venir.
L'Igad a simplement indiqué avoir "consulté" notamment les belligérants pour "élaborer le cadre, la structure et l'organisation" de ce deuxième cycle de pourparlers, sans préciser si un accord sur le cadre des discussions avait été trouvé.
Le premier cycle de négociations avait longtemps achoppé sur la simple dénomination des deux camps, chacun revendiquant l'appellation "Armée populaire de libération du Soudan" (SPLA), nom de la rébellion sudiste ayant combattu Khartoum durant la longue guerre civile (1983-2005) qui a abouti à la partition du Soudan et devenue l'armée nationale à l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011.
"Pas optimistes"
Au cours de ce nouveau cycle, devraient être abordées les questions relatives à la direction du SPLM, le parti au pouvoir issu de la rébellion au sein duquel MM.Kiir et Machar s'opposent depuis de longs mois, puis celles relatives aux institutions du pays, a indiqué à l'AFP Yohanis Musa Pouk, un porte-parole de la délégation du camp Machar.
Celle-ci devrait réclamer le remplacement du président Kiir par une "personnalité indépendante" d'ici aux élections générales de 2015, a-t-il expliqué, une exigence clairement inacceptable pour les autorités sud-soudanaises.
"Nous ne sommes pas optimistes, parce que nous savons que le gouvernement n'est pas sérieux concernant les pourparlers.Il est simplement poussé à discuter par la communauté internationale", a-t-il estimé, accusant les autorités sud-soudanaises de ne "pas respecter leur engagement" de libérer des personnalités du camp Machar toujours détenues à Juba.
Onze figures politiques, jugées favorables à Riek Machar, ont été arrêtées lorsqu'ont éclaté le 15 décembre à Juba les premiers combats entre factions rivales de la SPLA, qui se sont ensuite propagés au reste du pays.
Sept d'entre elles ont été libérées le 30 janvier, conformément à un accord annexe au cessez-le-feu qui prévoyait dans des termes assez vagues d'oeuvrer à la libération des détenus.Ces sept prisonniers libérés participeront aux pourparlers, conformément à cet accord, selon l'Igad.
Le sort des quatre responsables toujours détenus devrait être évoqué à Addis Abeba.Juba a annoncé vouloir les juger, à l'instar de l'ancien vice-président et d'une autre figure politique, tous deux en fuite, au risque de faire capoter le processus.
Washington a demandé samedi soir la remise en liberté de ces quatre détenus, afin de "réduire la tension et renforcer la confiance dans un processus de réconciliation pour tous".
La présence de l'armée ougandaise aux côtés des forces fidèles au président Kiir, alors que l'Ouganda est un membre éminent de l'Igad, dénoncée par le camp Machar, pourrait également être abordée, alors que les Etats-Unis ont appelé au "retrait progressif des forces étrangères" et mis en garde contre "les conséquences graves d'une éventuelle régionalisation du conflit".
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