La capitale du Soudan du Sud, pays en proie à un sanglant conflit armé depuis mi-décembre, a été le théâtre mercredi d'affrontements aux causes encore incertaines aux abords d'une caserne de l'armée.
Selon un correspondant de l'AFP et des témoins, d'intenses tirs ont été entendus pendant environ deux heures mercredi matin autour de la caserne Giyada, située près de l'université de Juba.
Des informations contradictoires ont circulé sur l'origine des tirs, même si l'explication privilégiée par les différentes sources interrogées semblait être le non paiement de soldes.
"On essaie de savoir ce qu'il s'est passé", a indiqué une source diplomatique occidentale à l'AFP.
"Le problème majeur semble être un problème salarial de soldes non payées mais il n'est pas impossible qu'il y ait également d'autres explications.Des troupes sont venues de l'extérieur et ont attaqué la caserne", a-t-on poursuivi.
"C'est seulement une histoire d'argent", a renchéri un soldat interrogé sur place."Hier, on nous a dit d'attendre jusqu'à aujourd'hui et quand nous sommes venus (aujourd'hui), on a encore dit à certains d'entre nous d'attendre.C'est pour cela que les affrontements ont commencé.Mais c'est fini maintenant".
D'autres médias locaux ont malgré tout évoqué la possibilité de heurts entre la garde présidentielle et un commando mené par un important général sud-soudanais.
Selon la source diplomatique et la radio indépendante Tamazuj, les échanges de tirs ont fait des morts, potentiellement une demi-douzaine, mais l'information n'était pas confirmée.Aucun porte-parole de l'armée sud-soudanaise n'était joignable dans l'immédiat.
Une église située à proximité de la caserne a été immédiatement prise d'assaut mercredi matin par des centaines d'habitants effrayés par ces nouveaux affrontements dans la capitale sud-soudanaise.L'ambassade des Etats-Unis à Juba a elle demandé à ses ressortissants de ne pas sortir.
Mais en début d'après-midi, la situation était de retour à la normale dans le quartier.Le reste de la capitale était aussi calme.
- Près de trois mois de conflit -
Le Soudan du Sud est en proie depuis le 15 décembre à de violents combats entre des soldats loyaux au gouvernement du président Salva Kiir et des forces -- soldats mutins, milices -- fidèles à l'ancien vice-président, Riek Machar, limogé à l'été 2013.
Les affrontements avaient débuté il y a près de trois mois dans la capitale Juba avant de s'étendre à d'autres Etats clés du pays.Ils ont déjà fait des milliers de morts et quelque 900.000 déplacés.
Le conflit s'articule autour d'une rivalité politique entre le président et son ex-vice président.
Le premier accuse le second et ses alliés d'avoir tenté un coup d'Etat mi-décembre.Riek Machar nie en bloc, reprochant en retour à son adversaire politique de vouloir évincer toute compétition au sein du SPLM à l'approche d'importantes échéances électorales en 2015.
Parti aujourd'hui au pouvoir, le SPLM est issu de l'ex-rébellion sudiste qui a longtemps combattu les forces de Khartoum pendant la guerre civile soudanaise qui a précédé l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011.
Les affrontements ont aussi très vite pris une tournure ethnique, avec des massacres rapportés entre les deux principales ethnies du pays -- les Dinka de Salva Kiir et les Nuer de Riek Machar.
Depuis le début, le conflit sud-soudanais fait l'objet d'une forte mobilisation internationale : les Etats-Unis, parrains de l'indépendance sud-soudanaise, l'ONU et surtout les pays d'Afrique de l'Est réunis au sein de l'organisation Igad sont à pied d'oeuvre pour tenter d'enrayer une crise à haut risque pour toute la région.
L'Igad était parvenue à faire signer aux deux camps un cessez-le-feu fin janvier à Addis Abeba.Mais aucune solution de fond à la crise politique n'avait été apportée et la trêve n'a depuis cessé d'être violée.
Les médiateurs poursuivent depuis leurs efforts dans la capitale éthiopienne, mais un deuxième cycle de négociations a encore dû être ajourné lundi, jusqu'au 20 mars, faute de progrès sur "le mécanisme" de surveillance du cessez-le-feu.
Mercredi, l'Igad s'est malgré tout félicitée, devant la presse à Addis, de ce que les deux parties soient au moins tombées d'accord sur "le cadre général" de la poursuite des discussions.
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