Les rebelles sud-soudanais menés par l'ancien vice-président Riek Machar ont nié mardi avoir massacré des centaines de civils en reprenant la localité septentrionale de Bentiu, malgré des accusations accablantes de l'ONU en ce sens.
Lundi, la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss) avait nommément accusé les troupes fidèles à Riek Machar d'avoir tué, sur des critères ethniques, plusieurs centaines de civils à compter du 15 avril, date à laquelle la rébellion affirmait avoir repris le contrôle de Bentiu.
La rébellion a dénoncé mardi "des accusations sans fondement" et des "allégation ridicules fabriquées par (ses) ennemis", accusant les forces pro-gouvernementales d'être "entièrement responsables des tueries systématiques de civils sud-soudanais et étrangers à Bentiu" et d'avoir "commis ces crimes haineux en se repliant".
Le 15 avril, les forces pro-Machar avaient pourtant assuré avoir "terminé dans la matinée les opérations de nettoyage et de sécurisation dans et autour de Bentiu", capitale de l'Etat pétrolifère d'Unité (nord).
Ce même jour, selon l'ONU, au moins 200 civils réfugiés dans une mosquée ont été massacrés par les forces pro-Machar, après avoir été sélectionnés sur des bases ethniques, de même que d'autres civils à l'église catholique et à l'hôpital de la ville, où des non-Nuers - ethnie dont est issu Riek Machar et qui forme l'essentiel de ses troupes - ont été "spécifiquement visés et tués".
"Les enquêteurs (...) de la Minuss ont confirmé que quand les forces (rebelles) ont capturé Bentiu, les 15 et 16 avril, elles ont fouillé un certain nombre d'endroits où des civils sud-soudanais et étrangers avaient trouvé refuge et ont tué des centaines de ces civils après avoir établi leur appartenance ethnique ou leur nationalité", a affirmé lundi l'ONU.
Ont notamment été tués à Bentiu des ressortissants soudanais du Darfour, région où sévit une rébellion anti-Khartoum dont des éléments sont accusés par la rébellion de prêter main forte à l'armée sud-soudanaise dans le conflit actuel au Soudan du Sud.
Les combats qui ont éclaté le 15 décembre à Juba au sein de l'armée sud-soudanaise entre troupes fidèles au président sud-soudanais Salva Kiir et celles loyales à M. Machar avant de s'étendre au reste du pays, se sont accompagnés de la part des deux camps de nombreuses atrocités contre les civils, essentiellement sur des bases ethniques.
A la lutte au sein du régime entre MM.Kiir et Machar, se greffent de vieux antagonismes entre peuples dinka et nuer dont sont respectivement issus les deux hommes.Ces inimitiés plongent pour partie leurs racines dans la guerre menée entre 1983 et 2005 contre Khartoum par la rébellion sudiste - dont MM.Kiir et Machar sont des dirigeants historiques -, qui a débouché sur l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011.
Les tueries de Bentiu semblent l'un des plus amples massacres rapportés depuis le début du conflit, qui a chassé plus d'un million de Sud-Soudanais de chez eux.
Gouvernement et rebelles doivent reprendre d'ici fin avril à Addis Abeba des négociations destinées à trouver une solution politique durable au conflit, qui n'ont connu jusqu'ici aucune avancée.
Un cessez-le-feu signé le 23 janvier dans la capitale éthiopienne n'a jamais été appliqué et l'armée sud-soudanaise a affirmé mardi que d'intenses combats se poursuivaient dans les Etats pétroliers d'Unité et du Haut-Nil (nord-est), ainsi que dans le vaste Etat du Jonglei (est).
Son porte-parole, Philip Aguer a également admis que l'armée avait dû se retirer de la localité de Mayom, à environ 50 km à l'ouest de Bentiu, tout en assurant qu'elle contrôlait toujours les principaux puits de pétrole et raffineries de l'Etat d'Unité, une affirmation invérifiable de manière indépendante.
Les rebelles n'ont pas caché que leur offensive en cours avait pour objectif la prise de contrôle des puits, qui assuraient avant le conflit 98% des recettes du jeune pays.
Les deux camps ont dit être prêts à négocier malgré les combats, tout en accusant l'autre de ne pas vouloir la paix.
"Notre délégation va aller à Addis négocier la paix", a assuré mardi à l'AFP le porte-parole du gouvernement sud-soudanais, Michael Makuei, "mais nous croyons fermement que les rebelles ne veulent pas la paix".Les négociations avaient débuté fin décembre, aboutissant péniblement à un cessez-le-feu fin janvier qui n'a finalement jamais été respecté.
A Addis Abeba, un porte-parole des rebelles, Yohannes Musa Pouk, a estimé que le "gouvernement pense pouvoir gagner la guerre par des opérations militaires et n'est donc pas sérieux" et "il ne sera pas sérieux tant qu'il pensera qu'il peut reprendre" le terrain perdu.
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