Les rebelles du Soudan du Sud ont lancé une importante attaque sur la ville stratégique de Malakal, dans le nord pétrolifère du pays, où les combats faisaient rage samedi.
Selon des sources humanitaires et un ministre, cette contre-attaque des rebelles intervient après une offensive, lancée il y a plusieurs semaines déjà, des forces gouvernementales dans le Nord, notamment dans l'Etat du Haut-Nil dont Malakal, en grande partie détruite par de précédents combats, est la capitale.
Les puits pétrolifères du Haut-Nil sont les derniers à fonctionner encore au Soudan du Sud, dévasté par 17 mois de guerre civile.
"Les rebelles de Riek Machar ont attaqué Malakal de toutes les directions, de l'Est, l'Ouest, le Nord et le Sud, et les combats se poursuivent pour l'instant", a déclaré samedi matin à l'AFP le ministre de l'Information, Michael Makuei.Selon lui, les forces gouvernementales ont jusque-là "réussi à repousser les rebelles".
Malakal a changé de mains plusieurs fois depuis le début de la guerre civile au Soudan du Sud en décembre 2013, lorsque le président Salva Kiir avait accusé son ancien vice-président Riek Machar de fomenter un coup d'Etat.Depuis, le pays s'est divisé selon des lignes ethniques, entre les Dinka de M. Kiir et les Nuer de M. Machar.
Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées et plus de deux millions déplacées par le conflit divisant le plus jeune Etat de la planète, qui n'avait obtenu son indépendance du Soudan qu'en 2011.
Selon plusieurs sources officielles, l'attaque de Malakal a commencé vendredi juste avant la nuit, lorsque des rebelles avaient traversé le Nil Blanc en bateau.D'après M. Makuei, les combattants de Riek Machar ont été aidés par une milice locale de l'ethnie shilluk, dirigée par un ex-général gouvernemental.
Cet ex-officier, Johnson Olony, est très influent dans l'Etat du Haut-Nil.Il avait été convoqué au QG de l'armée sud-soudanaise à Juba en mars, lorsqu'il était encore dans le camp gouvernemental, pour s'expliquer sur des accusations de l'Unicef (Fonds des Nations unies pour l'enfance) selon lesquelles sa milice enrôlait des enfants-soldats.
Fin avril, des combats avaient opposé la milice shilluk de Johnson Olony à la garde du gouverneur loyaliste du Haut-Nil, après des semaines de fortes tensions entre Dinka et Shilluk.L'armée sud-soudanaise avait alors évoqué un "malentendu".
Mais vendredi soir, "c'est Olony qui a fait traverser la rivière aux rebelles jusqu'à Malakal", a accusé samedi le ministre Makuei.
- Violences 'effroyables' -
Des sources humanitaires se trouvant dans la ville ont décrit à l'AFP d'intenses échanges de coups de feu et de puissantes explosions d'obus d'artillerie et de mortier.
Malakal abrite une base de la Mission des Nations unies pour le Soudan du Sud, dans laquelle sont hébergés plus de 27.000 déplacés, réfugiés là pour sauver leurs vies.
Vendredi, l'Igad, organisation intergouvernementale regroupant huit pays d'Afrique de l'Est et jouant le rôle de médiateur dans le conflit, avait dénoncé les violences "injustifiables et effroyables" de l'armée sud-soudanaise durant sa dernière offensive.
L'Igad, dont les efforts de paix depuis plus d'un an ont tous échoué, les cessez-le-feu successifs étant systématiquement violés, a notamment pointé des "violences contre les civils, de graves violations des droits de l'Homme et des villages détruits" par les forces loyalistes.
Depuis le début du conflit, de multiples sources ont dénoncé de nombreuses atrocités commises par les deux camps (massacres ethniques, viols à grande échelle, recours aux enfants-soldats...).
La dernière offensive gouvernementale lancée fin avril, l'une des plus importantes de ces 17 mois de guerre, concerne également l'Etat très disputé d'Unité (nord) et a été marquée par de multiples viols de femmes et de filles, des incendies de villes et de villages et le pillage d'aide humanitaire, selon les Nations unies et des organisations humanitaires.
Quelque 500.000 civils sont privés d'une "aide vitale" dans l'Etat d'Unité après le retrait des Nations unies et des organisations humanitaires à cause de la flambée de violence, a déclaré cette semaine le coordinateur humanitaire des Nations unies pour le Soudan du Sud, Toby Lanzer.
Plus de la moitié des 12 millions de Sud-Soudanais ont besoin d'aide humanitaire, dont 2,5 millions souffrent de problèmes alimentaires graves, selon l'ONU.
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