Soudan du Sud: regain de violences alarmant, vive tension à Juba

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Juba (AFP)

"Villages incendiés", "civils tués", risque de "chaos total": Nations unies et membres du gouvernement se sont alarmés mercredi du récent regain de violences au Soudan du Sud, où des rumeurs infondées sur la mort du président Salva Kiir ont suscité une vive tension dans la capitale.

Tirant une nouvelle fois la sonnette d'alarme, la Minuss, mission des Nations unies dans ce pays indépendant depuis 2011, s'est dite "extrêmement préoccupée des informations de plus en plus nombreuses faisant état d'exactions et de combats dans différentes régions du pays ces dernières semaines".

La Minuss rapporte notamment des combats dans la ville de Leer (nord) entre forces gouvernementales fidèles à Salva Kiir et celles loyales à son ex-vice-président Riek Machar, désormais en exil.

Elle mentionne également des embuscades samedi et lundi contre des civils sur les routes reliant la capitale Juba au sud du pays, vers la frontière avec l'Ouganda.Vingt-et-une personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été tuées dans l'attaque de samedi entre la ville de Yei et Juba.

Le Soudan du Sud a basculé en décembre 2013 dans une guerre civile qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, sur fond de lutte politico-ethnique entre le président Salva Kiir et Riek Machar. 

Un accord de paix signé en août 2015 avait fait naître de timides espoirs de pacification, mais se trouve moribond depuis une flambée de violences en juillet à Juba.

M. Machar a depuis fui le pays pour se réfugier à Khartoum, où il a annoncé fin septembre son intention de "lancer une résistance populaire armée contre le régime autoritaire et fasciste", s'attirant de vives critiques de la communauté internationale.Mercredi matin, M. Machar a quitté la capitale du Soudan pour se rendre en Afrique du Sud afin, selon lui, d'y subir des examens médicaux.

- 'Au bord du précipice' -

Outre l'ONU, la récente escalade de la violence a conduit les membres d'un groupe influent au Soudan du Sud, et disposant de deux ministres au sein du gouvernement, à dénoncer la spirale négative en cours.

Les "anciens prisonniers politiques" s'alarment des récents "développements inquiétants, incluant des villages détruits et incendiés", "la destruction délibérée de récoltes et de réserves de nourriture", "les meurtres de civils dans des villes, des villages et plus particulièrement sur les routes".

"Le pays est au bord du précipice" selon eux, et si rien n'est fait, "nous craignons que le Soudan du Sud ne s'enfonce sous peu dans un carnage génocidaire, le chaos total et finisse par se désintégrer".

Le groupe, composé d'hommes politiques sud-soudanais impliqués dans la lutte d'indépendance contre Khartoum et arrêtés en décembre 2013 sur ordre du président Kiir, réclame le "prompt déploiement" d'une force régionale de protection. 

Le déploiement d'un contingent de 4.000 soldats africains destiné à sécuriser Juba, voté par le Conseil de sécurité des Nations unies, se heurte en l'état aux vives réticences du gouvernement.

Symptomatique de la tension qui règne dans le pays, des rumeurs relayées sur les réseaux sociaux et donnant pour mort le président Kiir, ont suscité une très vive inquiétude au sein de la population à Juba.

D'autant que la capitale s'est réveillée avec un quadrillage militaire plus important qu'à l'accoutumée, notamment près des ministères et de la présidence.

Il a fallu un démenti du ministre de la Communication, puis une apparition du président paradant à bord d'un 4x4 dans les rues de Juba pour soulager la tension.

Mais auparavant, des écoles avaient renvoyé les élèves chez eux, des boutiques avaient tiré leur rideau de fer et à l'image de Moses Modi, un habitant de Juba, de nombreux résidents étaient restés chez eux "par peur de la situation".

Si la situation au Soudan du Sud inquiète la communauté internationale, elle suscite également l'exaspération de certains des pays voisins.

Au Kenya, où les familles de dirigeants sud-soudanais mènent grand train dans les quartiers huppés de Nairobi, deux commissions parlementaires ont décidé mercredi de présenter prochainement au Parlement une motion visant à sanctionner les dirigeants sud-soudanais et notamment à geler leurs avoirs au Kenya.

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