Des dirigeants de pays d'Afrique de l'Est participent dimanche à Addis Abeba aux pourparlers de paix sur le Soudan du Sud, auxquelles se rendra finalement le président Salva Kiir, pour tenter d'arracher un accord aux belligérants, soumis à une forte pression internationale.
Le gouvernement du Soudan du Sud et les rebelles ont jusqu'à lundi pour signer un accord afin de mettre fin à vingt mois de guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts.
Riek Machar n'est pas apparu publiquement à Addis Abeba mais plusieurs sources ont affirmé qu'il était bien présent dans la capitale éthiopienne et ce depuis plusieurs jours.
Le président sud-soudanais Salva Kiir est finalement revenu sur sa décision et a finalement décidé d'assister aux pourparlers, selon une annonce dimanche de son gouvernement.
Avant de quitter Juba, le président Kiir a déclaré à la presse avoir été "obligé" de se joindre aux pourparlers et prévenu qu'un accord de paix "qui ne peut pas être maintenu ne peut pas être signé".
"On devrait signer quelque chose dont on peut profiter.Si on signe (l'accord de paix) aujourd'hui et que demain la guerre reprend, qu'aurons-nous accompli ?", s'est demandé le président sud-soudanais, ajoutant: "Même si je ne suis pas content, je dois m'y montrer car si je n'y vais pas, des forces négatives vont me présenter comme celui qui est opposé à l'accord de paix qui allait être signé".
Le gouvernement du Soudan du Sud et les rebelles ont jusqu'à lundi pour signer un accord afin de mettre fin à vingt mois de guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts.
Dimanche, le président ougandais Yoweri Museveni, qui a envoyé des troupes au Soudan du Sud pour soutenir le président Kiir, s'est entretenu avec le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn et le président soudanais Omar el-Béchir, ainsi que son homologue kényan Uhuru Kenyatta.
Des diplomates ont mis en garde contre tout échec dans la signature d'un accord de pays, menaçant les parties rivales "de conséquences sérieuses".
Mais pour M. Kiir, il ne sera pas possible de signer un accord de paix complet tant que toutes les factions rebelles ne seront pas présentes à la table des négociations. En effet, en début de semaine, plusieurs chefs rebelles, dont Peter Gadet, chef de guerre frappé début juillet par des sanctions de l'ONU, ont annoncé faire scission de la rébellion.
La guerre civile au Soudan du Sud a débuté en décembre 2013, dans la capitale Juba, lorsque Salva Kiir, un Dinka, a accusé son vice-président --de l'ethnie Nuer-- Riek Machar, tout juste limogé, de fomenter un coup d'�?tat.Les violences, à forte connotation ethnique, ont fait depuis lors des dizaines de milliers de morts, avec de terribles atrocités contre les civils, dans un pays déjà accablé par la pauvreté.
- Possibles 'sanctions ciblées' -
Après la signature de sept cessez-le-feu, aussi vite violés qu'ils avaient été signés, ces dernières discussions sous supervision des médiateurs régionaux de l'organisation intergouvernementale est-africaine (Igad) apparaissaient comme la plus sérieuse opportunité pour les belligérants de mettre fin au conflit qui ensanglante le plus jeune pays du monde, dont l'indépendance avait été célébrée dans l'enthousiasme en juillet 2011.
Ce dernier round de négociations s'était ouvert le 6 août sous la médiation de l'Igad, de l'ONU, de l'Union Africaine, de la Chine et de la "troika" composée de la Grande-Bretagne, de la Norvège et des Etats-Unis.
L'Igad a reçu le soutien de poids du président américain Barack Obama, lors de sa récente visite en Ethiopie, et a donné jusqu'au 17 août pour trouver un accord, faisant planer la menace de sanctions contre les deux camps.
"Nous attendons des parties représentées à Addis Abeba (...) qu'elles négocient avec bonne foi et signent un accord", ont déclaré l'Igad et des médiateurs internationaux dans un communiqué.
Le ministre britannique pour l'Afrique, Grant Shapps, a brandi vendredi d'éventuelles "sanctions ciblées" et évoqué un embargo sur les armes si aucun accord n'est trouvé entre les belligérants.
Plus de 70% de la population sud-soudanaise (12 millions d'habitants) a besoin d'une assistance humanitaire, et 2.2 millions de personnes ont fui leurs foyers, selon l'ONU qui a fait état d'un risque de famine dans certaines zones.
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