Soudan: le président défend la levée des subventions

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Khartoum (AFP)

Le président soudanais Omar el-Béchir, qui fait face à un mouvement de contestation sans précédent déclenché par une levée des subventions sur les carburants, a défendu cette mesure, assurant qu'elle visait à empêcher un effondrement de l'économie.

"Les dernières mesures prises visent à empêcher l'effondrement de l'économie face à l'augmentation de l'inflation et à l'instabilité des taux de changes", a déclaré M. Béchir mardi, sa première réaction en 9 jours de manifestations qui ont fait 34 morts.

Il a également dénoncé la "conspiration menée par des saboteurs" contre le Soudan, selon l'agence officielle SUNA.

"Les manifestations pacifiques sont un droit fondamental", a cependant ajouté M. Béchir, tout en demandant à Dieu "d'accorder sa miséricorde aux martyrs".

La levée des subventions le 23 septembre a provoqué une augmentation de plus de 60% du prix des carburants, suscitant le plus grand mouvement de protestations depuis l'arrivée au pouvoir d'Omar el-Béchir en 1989.

C'est la dernière d'une série de mesures visant à stabiliser une économie frappée par l'inflation et la chute de sa monnaie depuis la séparation avec le Soudan du Sud en 2011.

Le Soudan peine à se remettre de cette partition, dont M. Béchir a souligné "l'impact négatif", Khartoum ayant perdu une grande partie de la production pétrolière, et donc d'importantes sources de revenus.

Mais les gens en ont marre d'entendre parler de réformes par un régime en place depuis 24 ans, explique Osama Mohamed, 47 ans.

"Après la mort de ces jeunes, nous ne pouvons pas nous taire", ajoute-t-il.

L'inflation qui a dépassé le 40% au début de l'année, est retombée à 22.9% en août, selon des données officielles.Mais les prix affichés sur les marchés ne reflètent en rien cette baisse, et continuent de monter.

La livre soudanaise, elle, n'en finit plus de chuter.Elle atteignait les 8 livres contre 1 dollar la semaine dernière, et a perdu près de la moitié de sa valeur au marché noir.

Parmi les pays les plus pauvres du monde, le Soudan est tout en bas de l'Indice du développement humain de l'ONU pour les revenus, la santé et l'éducation.

"Renverser le régime"

Si les chiffres officiels font état de 34 morts, selon des organisations des droits de l'Homme, le bilan pourrait atteindre 50, voire même 200 selon un diplomate étranger.

"Nous sommes très en colère parce que ces manifestants, leurs seules armes c'étaient des pierres et leurs cris", déclare Youssif Mohammed, un instituteur de 50 ans dont le frère a été tué à Omdurman, la ville jumelle de Khartoum.

M. Mohammed est fier de ce frère qui, en manifestant, "a défendu le droit de son peuple".

"Pourquoi ont-ils tué nos frères et nos soeurs ?", demande Sosan Bashir, une jeune femme de 35 ans."Après ce qui s'est passé, nous n'avons plus confiance dans le gouvernement".

Pour elle, le sang versé va alimenter de nouvelles manifestations visant à "renverser le régime".

Dans les manifestations soudanaises, au milieu des cris de "liberté!liberté!" résonnaient les slogans du Printemps arabe réclamant la liberté la chute du régime, comme en Tunisie, en Egypte, en Libye ou encore au Yémen. 

Mardi, une centaine d'étudiantes de l'université pour femmes d'Ahfad, à Omdurman, la ville jumelle de Khartoum, ont manifesté, après avoir été dispersées la veille par des gaz lacrymogènes de la police.

Le président du Parti Soudanais du Congrès (opposition) a été arrêté, ont annoncé des responsables du parti.Ce parti participe à une alliance de mouvements d'oppositions qui réclament la chute pacifique du régime d'Omar el-Béchir. 

Cette alliance a annoncé que trois responsable des partis Baas et communistes avaient aussi été arrêtés. 

Lundi, le ministre de l'Intérieur Ibrahim Mahmoud Hamed a accusé des "organisations extérieures" de soutenir les protestations de la semaine dernière.

Le gouvernement a annoncé avoir arrêté des centaines de "criminels", et a expliqué qu'il avait été contraint d'intervenir la semaine dernière quand les manifestants étaient devenus violents et avaient attaqué des stations services et des commissariats. 

Ahmad Omer, dont le frère a été tué dans une manifestation, s'interroge. 

Son frère n'était pas du genre à détruire des biens publics, explique-t-il."Je crois que les gens ont le droit de manifester.Pourquoi le gouvernement leur a tiré dessus ? Et si ce n'est pas le gouvernement, alors les responsables doivent être traduits en justice".

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