Soudan: une saison de migration vers le Sud avant le référendum

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KHARTOUM (AFP)

Lits tressés de corde, chaises en plastique, valises empoussiérées s'entassent à deux pas d'autocars fatigués: les Sud-Soudanais de Khartoum regagnent par milliers leur terre avant le rendez-vous référendaire de janvier.

Sur les routes du Kordofan, des autocars bondés filent en petits convois vers un pays encore imaginaire.Ici, sur le tapis de poussière jouxtant un stade en construction dans un quartier populaire de Khartoum, des Sud-Soudanais s'embarquent vers le Sud pour ne plus jamais revenir.

"Je rentre à Bentiu pour toujours, je ne reviendrai pas à Khartoum.Je vais rejoindre le reste de ma famille", affirme Kazouk, un jeune sudiste vivotant depuis des années dans la capitale soudanaise en attente du grand départ pour la ville de Bentiu, dans l'Etat sudiste d'Unité.

A ses côtés, des enfants courent et jouent, dernier tour de piste à Khartoum avant de regagner la terre désertée par leurs parents pendant la guerre civile entre le Nord, arabo-musulman, et le Sud, en grande partie chrétien, qui a fait deux millions de morts (1983-2005).

"C'est la première fois que je vais à Bentiu, je suis née à Khartoum", baragouine la petite Angelina.

Depuis la signature de l'accord de paix global, environ deux millions de Sud-Soudanais déplacés par la guerre sont rentrés chez eux, selon les données de l'Organisation internationale des migrations.

A l'approche du référendum d'autodétermination du Sud-Soudan, prévu le 9 janvier, et surtout de la période d'inscription sur les listes électorales qui doit commencer le 14 novembre, des milliers de sudistes vivant dans le Nord regagnent le Sud.

Le gouvernement semi-autonome du Sud-Soudan a dévoilé fin août un plan de 25 millions de dollars baptisé "Rentrez à la maison pour choisir", afin de rapatrier environ 1,5 million de sudistes vivant dans le nord pour le référendum.

Selon la loi référendaire, les Sud-Soudanais résidant dans le Nord ont le droit de voter lors du référendum s'ils parviennent à prouver leurs origines sudistes, ce qui pourrait être difficile pour des milliers d'entre eux sans certificat de naissance.

Le trajet pour regagner le Sud en autocar est gratuit grâce aux deniers débloqués par les autorités sudistes.Dans le souk al-Merkezi, un marché populaire de Khartoum, des milliers de sudistes sont venus s'inscrire sur les listes de retour.

"Les gens veulent simplement rentrer chez eux.Ils ne veulent pas entendre parler des problèmes du référendum, de l'unité ou de l'indépendance.Ils veulent simplement cultiver leur terre, pêcher, s'occuper du bétail", estime Abdallah Kam Gaï, vice-président du comité de retour dans l'Etat sudiste d'Unité.

Ce dernier assure que les autocars sont disponibles pour tous les sudistes, peu importe leur allégeance, lors du référendum qui pourrait conduire à la partition du plus grand pays d'Afrique et à la création d'un nouveau pays enclavé au coeur du continent.

La récente proposition d'un ministre nordiste de retirer la citoyenneté aux sudistes vivant au Nord si le Sud optait pour la sécession avait créé un vent de panique chez les Sudistes de Khartoum.Le président Omar el-Béchir avait tenté de calmer le jeu en désavouant publiquement la position de son ministre.

Des sudistes quittent le Nord, mais certains y restent, du moins pour le moment, pour poursuivre leurs études ou continuer de travailler.

C'est le cas de Peter, un étudiant à l'université de Khartoum, retourné une fois au Sud-Soudan depuis que sa famille a gagné la capitale à la fin des années 1980.

Il dit espérer "voir un nouveau pays, une nouvelle nation" lorsqu'il rentrera à son tour.

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