L'armée sud-soudanaise a accusé Khartoum d'avoir tenté dimanche d'ouvrir un nouveau front dans le nord-est de son territoire, et de créer des tensions dans le nord-ouest, jusqu'ici épargnés par les intenses combats de ces derniers jours entre les armées des deux voisins à leur frontière.
Dans un premier bilan - invérifiable indépendamment - l'armée sud-soudanaise a affirmé avoir eu 19 morts depuis le 10 avril et que les pertes de l'armée soudanaise étaient de 240 morts.
Ce dimanche, "les SAF (Forces armées soudanaises) ont tenté d'ouvrir un nouveau front dans l'Etat du Haut-Nil" (Sud), frontalier du Nil-Blanc (soudanais), a déclaré à la presse le porte-parole de l'armée sud-soudanaise (SPLA), le colonel Philip Aguer.
"A 06H00 (03H00 GMT), ils ont attaqué un endroit appelé Kwek" et "ont avancé à l'intérieur de l'Etat du Haut-Nil", mais ont été repoussés de l'autre côté de la frontière par une contre-attaque, a-t-il ajouté.
Le porte-parole a également accusé Khartoum d'attiser "les tensions dans le Bar el-Ghaza occidental", un Etat du nord-ouest du Soudan du Sud, voisin du Darfour méridional (Soudan), en encourageant une tribu nomade arabe, les Rizigad, à s'y installer.
Cela pourrait "nuire à la sécurité" des populations locales, a-t-il expliqué.
Les intenses combats opposant depuis fin mars les armées de deux pays ont surtout eu lieu dans la zone pétrolière contestée d'Heglig, d'abord contrôlée par les SAF, mais aussi revendiquée par Juba, dont les troupes se sont emparées mardi.
La SPLA a assuré que l'aviation soudanaise avait bombardé Heglig dimanche, mais qu'elle la contrôlait toujours.Sur le terrain "la situation n'a pas changé", a affirmé dimanche soir son porte-parole: "aujourd'hui, des Antonov et des Migs ont continué de bombarder toute la zone d'Heglig et alentours, de manière indiscriminée".
Vendredi, l'armée soudanaise avait annoncé une contre-offensive sur cette zone stratégique, dont Khartoum extrait environ la moitié de son pétrole depuis que le Soudan du Sud a obtenu, avec l'indépendance en juillet 2011, les trois-quarts des réserves pétrolières du Soudan d'antan.
Samedi soir, elle avait affirmé être à quelques kilomètres de Heglig.
Le ministre sud-soudanais de l'Information, Barnaba Marial Benjamin, a assuré que l'aviation soudanaise avait particulièrement visé dimanche les infrastructures pétrolières de la zone.
D'après le bilan du porte-parole militaire sud-soudanais, "depuis le 10 avril, la SPLA a perdu 19 soldats et 32 ont été blessés" et l'armée soudanaise "a eu 240 (tués) et de nombreux blessés".
Ce bilan était invérifiable de source indépendante.Mais dans la semaine, un soldat sud-soudanais a déclaré à l'AFP qu'il y avait "tant de morts sur la ligne de front" qu'il était impossible de les enterrer ou de les ramener".
Un autre journaliste de l'AFP a dénombré au moins une centaine de soldats soudanais blessés, lors d'une visite à l'hôpital militaire de Khartoum.
Par ailleurs, 14 premiers prisonniers de guerre soudanais, capturés autour de Heglig, sont arrivés dimanche par avion à Juba, a constaté l'AFP.
Apparemment exténués, ils semblaient être correctement nourris et avoir bon moral.Plusieurs portaient des bandages autour de blessures par balles et certains étaient portés sur des brancards.
"Nous respectons les lois internationales sur la guerre", a affirmé le colonel Aguer, "nous allons prendre contact avec la Croix-Rouge pour voir si elle peut faciliter leur retour chez eux".
Des combats opposent les deux Soudans depuis fin mars, dans des zones frontalières contestées et riches en pétrole.
Ces affrontements sont d'une ampleur inégalée depuis l'accord de paix de 2005, qui avait mis fin à des décennies de guerre civile entre rebelles au Sud et forces du pouvoir de Khartoum, et avait conduit à l'indépendance du Soudan du Sud.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.