Tchad: un envoyé spécial de la radio RFI expulsé manu militari

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Paris (AFP)

Un envoyé spécial de Radio France Internationale (RFI) au Tchad a été expulsé mardi soir après avoir été interpellé brutalement à N'Djamena, a rapporté mercredi la radio sur son site internet.

Le gouvernement tchadien a de son côté expliqué à l'AFP que le journaliste français, entré légalement au Tchad, avait commencé à travailler sans attendre d'avoir reçu son accréditation de presse, ce qui est strictement interdit au Tchad.

Selon RFI, le journaliste dînait à son hôtel en compagnie de Reed Brody, porte-parole de l'organisation des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW), quand deux hommes se présentant comme "des agents de la police des airs et frontières", selon des témoignages cités par RFI, "signifient à Laurent Correau son expulsion du territoire tchadien, sans fournir d'explication, ni de document officiel". 

L'envoyé spécial de RFI tente d'en savoir davantage, passe plusieurs coups de téléphone, les prétendus agents "s'impatientent", leur montrent un badge, mais "le ton monte: Reed Brody est giflé, Laurent Correau aussi", selon RFI.Il est conduit manu militari à l'aéroport, puis à bord d'un avion d'Air France.

Le ministre tchadien de l'Information et de la Communication Hassan Sylla Bakari a indiqué à l'AFP que "bien qu'il soit entré légalement au Tchad et fait les démarches en vue de l'obtention d'une accréditation, il a commencé à travailler dans l'illégalité avant même l'obtention de l'accréditation, ce qui a obligé les services de sécurité à l'expulser".

"Beaucoup de journalistes étrangers séjournent en ce moment chez nous, ils n'ont pas eu de problème parce qu'ils ont obtenu leur accréditation", a ajouté le ministre à l'AFP.

Mercredi matin, le journaliste a affirmé sur les ondes de sa radio qu'il avait bien "effectué les procédures habituelles d'enregistrement" auprès des autorités dès son arrivée la semaine dernière et qu'elles lui avaient "clairement indiqué" qu'il pouvait commencer à travailler "en attendant de recevoir le document officiel". 

Laurent Correau était arrivé dans la capitale N'Djamena jeudi pour réaliser "une série de reportages" en prévision du procès pour "crimes contre l'humanité, crimes de guerre et crimes de torture" de l'ancien président tchadien Hissène Habré, qui s'ouvre le 20 juillet à Dakar.

Mercredi, la direction de RFI a fait part de son indignation et de sa protestation contre cette expulsion.Selon elle, "aucun motif n'a pour l'heure été invoqué".

Interrogé lors d'un point-presse, le ministère français des Affaires étrangères s'est borné à rappeler que la France est attachée "au respect de la liberté de la presse et au libre exercice du métier de journaliste".

La France et le Tchad ont fortement intensifié leurs relations ces dernières années, notamment dans le domaine militaire et dans le cadre de la lutte antiterroriste.Le quartier-général de la force militaire française Barkhane qui a vocation à intervenir au Sahel est ainsi installé à N'Djamena.

De son côté, la Société des Journalistes (SDJ) de RFI a condamné "avec la plus grande fermeté" cette expulsion et a jugé "inadmissible", au regard de la liberté d'informer, cette décision "non justifiée" accompagnée de "gestes violents". 

"La question de la possibilité de faire un travail journalistique au Tchad" est dès lors posée, souligne la SDJ dans un communiqué.

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