Transition au Burkina: brève apparition des militaires, poursuite des négociations

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Ouagadougou (AFP)

Les protagonistes de la crise au Burkina Faso poursuivaient samedi soir l'examen d'un plan pour mettre en place un régime civil de transition mais les représentants de l'armée, aux commandes depuis la chute de Blaise Compaoré, n'ont fait qu'une brève apparition.

En milieu d'après-midi, une délégation militaire conduite par le colonel Auguste Denise Barry s'est présentée dans le bâtiment administratif défraîchi du centre de Ouagadougou où se déroulent les négociations. 

L'officier est le bras droit du lieutenant-colonel Isaac Zida, l'actuel homme fort du "pays des hommes intègres" choisi par les militaires le 1er novembre, au lendemain de la fuite du président Compaoré, mais qui a depuis promis de remettre les rênes du Burkina aux civils. 

En treillis camouflage et bérêt rouge, le lt-colonel Barry s'est installé en tribune, et deux officiers supérieurs se sont assis au premier rang, laissant croire que l'armée acceptait de se joindre aux responsables de l'opposition, de la société civile, et aux chefs religieux et traditionnels pour débattre sur une "charte de la transition".

Cet espoir a été vite douché.A peine une demi-heure plus tard, les militaires sont repartis, invoquant un problème d'emploi du temps.

"Les contingences opérationnelles ne nous ont pas permis de dégager du temps", a déclaré aux journalistes le colonel Barry en sortant de la salle, ajoutant être seulement venu "encourager" les travaux.

Selon plusieurs délégués de la société civile, l'officier supérieur a cependant tenu lors de son court discours à la tribune des propos encourageants pour la suite, assurant que l'armée n'avait pas l'intention de conserver le pouvoir.

"Les choses ne peuvent plus être comme avant.Le peuple burkinabè est entré dans l'histoire, l'armée burkinabè doit aussi entrer dans l'histoire", a déclaré solennellement le colonel, s'attirant des applaudissements.

Une manière de dire que le temps des putschs et des juntes militaires serait fini pour le Burkina Faso, petit pays sahélien qui a connu plusieurs coups d'Etat depuis son indépendance, a expliqué à l'AFP un politologue, délégué de la société civile.

 

- Le portrait du "beau Blaise" décroché -

 

Après le départ des militaires, la soixantaine de délégués présents ont repris leurs travaux, discutant point par point chaque article diffusé sur un grand écran, sur le mode du consensus.

"On espère terminer ce soir ou demain", a confié un délégué de la société civile à l'AFP.

Une synthèse avec les propositions de l'armée devrait ensuite être opérée "lundi ou mardi", selon ce délégué, un programme confirmé par le lt-colonel Barry qui est resté plus vague sur les délais, parlant des "jours à venir".

La pierre d'achoppement entre les civils et l'armée reste la participation de l'ex-majorité présidentielle aux débats et aux autorités de transition, gouvernement et parlement intérimaires.L'armée plaide qu'on ne peut "exclure une partie du peuple", mais la société civile est vent debout contre l'ancien pouvoir.

Autre inconnue de taille : le nom du futur chef du régime de transition, un sujet épineux.Aucun nom n'a pour l'instant était avancé publiquement.

Symboliquement, le grand portrait de Blaise Compaoré trônant dans le hall d'entrée du bâtiment a été décroché.

A Ziniaré, la ville natale de Blaise Campaoré, les langues commencent à se délier pour dénoncer le clanisme familial du président déchu.

Au plan diplomatique, Washington, l'un des plus proches alliés du Burkina, maintient la pression sur les acteurs de la transition, notamment sur les militaires. 

La sous-secrétaire d'Etat adjointe américaine pour l'Afrique, Bisa Williams, s'est invitée samedi à Ouagadougou, où elle a rencontré le lieutenant-colonel Zida,lui rappelant son engagement de quitter rapidement le pouvoir.

"Nous comptons sur le respect de la promesse de mettre en place un gouvernement de transition qui soit géré par un civil et qui soit démocratique", a-t-elle déclaré aux journalistes, en français.

Les Etats-Unis sont, avec la France, les deux principaux alliés et bailleurs de fonds du Burkina, pays pauvre de 17 millions d'habitants sans pétrole ni minerais stratégiques.

Les acteurs de la crise se sont déjà entendus mercredi sur les grands principes de la transition: sa durée - un an - et le fait qu'elle sera dirigée par une personnalité civile, jusqu'à des élections présidentielle et législatives d'ici à novembre 2015.

Le président déchu Blaise Compaoré, en exil doré en Côte d'Ivoire, a de son côté laissé éclater sa rancoeur, accusant, dans une interview à Jeune Afrique, l'opposition d'avoir comploté depuis longtemps avec l'armée pour le renverser. 

Sans vouloir admettre que son entêtement à rester au pouvoir en voulant modifier la Constitution, après 27 longues années de règne, lui a été fatal.

 

 

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