Quatre policiers tunisiens ont été tués mardi soir dans une attaque contre la maison de famille du ministre de l'Intérieur, attribuée par les autorités à des "terroristes" islamistes retranchés sur un massif montagneux.
Cette attaque intervient dans un climat qui semblait pourtant s'être apaisé après une année 2013 noire, marquée par deux assassinats politiques et des violences attribuées à la mouvance jihadiste qui ont fait une vingtaine de morts parmi les forces de l'ordre.
L'assaut, mené peu avant minuit par une dizaine d'assaillants, a visé le domicile du ministre Lotfi Ben Jeddou à Kasserine, dans le centre-ouest du pays, a indiqué le porte-parole du ministère, Mohamed Ali Aroui.Quatre policiers ont été tués, deux autres blessés.
M. Ben Jeddou réside habituellement à Tunis tandis que son épouse et ses enfants habitent à Kasserine.La ville est située au pied du Mont Chaambi, un massif à la frontière algérienne où l'armée pourchasse depuis décembre 2012 un groupe accusé de liens avec Al-Qaïda qui n'a toujours pas été neutralisé malgré des bombardements aériens réguliers et des opérations au sol.
La présidence de la République a décrété mercredi jour de deuil national.
"Le groupe terroriste s'est infiltré depuis le Mont Salloum pour viser la maison du ministre de l'Intérieur", a déclaré M. Aroui mercredi matin à la télévision nationale.Ce mont, voisin du Mont Chaambi, avait pourtant été déclaré zone militaire en avril pour tenter de resserrer l'étau autour des groupes jihadistes selon les autorités.
Selon une source de sécurité à Kasserine, les quatre policiers, qui se trouvaient dans un garage attenant à la maison du ministre, n'ont pas eu le temps de répliquer sous l'effet de la surprise et ont été tués par des tirs nourris.
Deux autres policiers qui se trouvaient à l'extérieur ont ensuite échangé des tirs avec les hommes armés.Ils ont été blessés et hospitalisés, selon cette source qui a requis l'anonymat.
L'un des policiers blessés, Walid Mansour, a indiqué à la radio privée Mosaïque FM que les assaillants étaient arrivés à bord d'un véhicule puis avaient lancé des "Allah akbar" (Dieu est le plus grand) avant de commencer à tirer.
"Ces éléments terroristes veulent envoyer un message" aux forces de l'ordre mais "nous continuerons la guerre contre le terrorisme", a affirmé M. Aroui, en exhortant les Tunisiens à "l'union nationale" et les médias à "un discours clair contre le terrorisme".
- Acte odieux et lâche -
Le porte-parole du gouvernement, Nidhal Ouerfelli, a de son côté dénoncé sur sa page Facebook un "acte odieux et lâche".
L'attaque a soulevé des interrogations chez certains Tunisiens, qui se demandaient comment les assaillants ont pu parvenir jusqu'à la maison du ministre sans être inquiétés et ce en dépit du déploiement des forces de l'ordre dans la région.Le domicile de M. Ben Jeddou se trouve en outre près d'un secteur de la Garde nationale (gendarmerie).
La Tunisie émerge lentement d'une année 2013 mouvementée, marquée par l'essor de groupes jihadistes après la révolution de 2011 et une crise politique profonde nourrie par la méfiance entre islamistes majoritaires et leurs opposants.
Le pays vit une relative accalmie depuis l'adoption d'une nouvelle Constitution fin janvier et la remise du pouvoir par les islamistes d'Ennahda à un gouvernement apolitique.
Début mars, l'état d'urgence a été levé avec quatre mois d'avance et mardi, les barbelés qui entouraient le ministère de l'Intérieur dans le centre de Tunis et bloquaient une partie de l'artère principale de la capitale ont été enlevés.
Des soldats sont toutefois régulièrement tués ou blessés par des mines sur le Mont Chaambi et à la mi-février, quatre personnes, dont deux gendarmes, ont été tuées par des hommes armés dans le nord-ouest du pays.
Les autorités tunisiennes font état d'une amélioration de la situation sécuritaire ces derniers mois mais répètent que la lutte antiterroriste sera longue.
"�?a ne va pas être facile.�?a va prendre du temps", avait dit le mois dernier à l'AFP le porte-parole du ministère de la Défense, Taoufik Rahmouni, à propos de la lutte contre les groupuscules soupçonnés d'être liés à Al-Qaïda.
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