Deux militaires tunisiens ont été tués et deux autres blessés jeudi dans l'explosion d'une mine au Mont Chaambi, à la frontière algérienne, où l'armée traque sans succès depuis des mois un groupe armé lié à Al-Qaïda.
"Vers 07H45 (06H45 GMT), deux militaires ont été tués et deux autres blessés lors de l'explosion d'un engin au passage de leur véhicule dans la localité de Doghra au Mont Chaambi", a annoncé Mokhtar Ben Nasr, un porte-parole de l'armée.
Selon une source de sécurité interrogée par l'AFP à Kasserine, le chef-lieu régional, l'un des deux blessés risque de perdre une jambe.
Depuis fin avril, une vingtaine de militaires ou gendarmes ont été blessés, certains grièvement, par des mines artisanales cachées dans le massif montagneux par un groupe armé lié, selon les autorités, à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
C'est cependant la première fois que l'un de ces engins tue des soldats, même si la traque a déjà coûté la vie à un gendarme abattu par les combattants en décembre et à un militaire mort dans la nuit de dimanche à lundi sous les balles des siens lors d'une opération destinée à piéger ce maquis islamiste.
L'armée a redoublé d'efforts pour ratisser la région du mont Chaambi après les explosions des premières mines, usant même de tirs de mortier pour tenter de déminer le massif, les chiens des unités de déminage n'ayant pas été dressés pour détecter ces engins artisanaux fabriqués à base d'engrais.
Aucun membre de cette cellule qui compte des Algériens, des Libyens et des Tunisiens, et dont certains sont des vétérans de la rébellion islamiste au Mali, n'a été tué ou blessé jusqu'à présent, selon le bilan officiel.
Le ministère de l'Intérieur a cependant annoncé la semaine dernière que 45 "terroristes" lié à cette cellule avaient été arrêtés depuis décembre.
L'opération lancée par la France en janvier au Mali a permis la reprise des principales villes du nord du pays, occupées par des groupes liés à Al-Qaïda, et a porté un coup dur à Aqmi, mais nombre de combattants ont pu fuir.
Selon les autorités tunisiennes, deux groupes armés totalisant une trentaine d'hommes sont recherchés à la frontière algérienne, l'un dans le district de Chaambi, l'autre plus au nord, près du Kef et de Jendouba.
Ces deux groupes appartiennent à une cellule appelée "Oqba ibn Nafaa" du nom du conquérant musulman ayant islamisé la Tunisie au 7e siècle, qui préparait des attaques contre les forces de l'ordre et de l'armée tunisienne, selon les autorités.
Le mont Chaambi abritait leur camp d'entraînement, qui a été démantelé.Sur place, des tentes, des vivres, des moyens de communications et des munitions ont été retrouvés.
La Tunisie est confrontée depuis la révolution qui a chassé début 2011 l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali à un essor de groupuscules islamistes violents responsables notamment, selon les autorités, d'une attaque contre l'ambassade américaine en septembre et de l'assassinat d'un opposant en février.
Selon le ministère de l'Intérieur, les combattants du mont Chaambi comptent aussi des membres d'Ansar Asharia, le principal groupe salafiste jihadiste du pays, qui n'est pas autorisé mais que les autorités hésitent à démanteler.
Ce groupe assure n'avoir aucun lien avec les événements de Chaambi et dit considérer la Tunisie comme une terre de prédication et non de guerre sainte.
Son chef Abou Iyadh, recherché depuis l'attaque de l'ambassade américaine, est un vétéran d'Al-Qaïda en Afghanistan, impliqué dans l'attentat suicide qui a tué le commandant Massoud, chef de la résistance anti-taliban, deux jours avant les attaques du 11 septembre 2001.
Les opérations militaires en cours en Tunisie semblent être les plus importantes depuis celles de Soliman, à une quarantaine de kilomètres de Tunis, lorsque les forces tunisiennes ont combattu fin 2006-début 2007 un groupe d'une trentaine de jihadistes tunisiens et algériens.
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