Des centaines de pèlerins juifs tunisiens et étrangers ont afflué dimanche à la Ghriba, la plus ancienne synagogue d'Afrique située sur l'île tunisienne de Djerba, au deuxième et dernier jour d'un pèlerinage annuel qui s'est tenu sous très haute sécurité.
Cette célébration joyeuse et détendue, aux allures de réunion de famille, a commencé vendredi avant une interruption samedi en raison du Shabbat.
Selon les organisateurs, près de 1.500 personnes, dont des Français, des Italiens et des Israéliens, ont participé au rituel, priant et déposant dans une cavité au fond de la synagogue des �?ufs sur lesquels ont été inscrits des v�?ux de santé, de bonheur et de fertilité.
La ministre du Tourisme Amel Karboul s'est rendue en fin de journée à la Ghriba pour s'adresser aux pèlerins.
"La Tunisie a besoin de vous, de nous tous, pour réaliser le rêve de la +convivencia+ (coexistence, ndlr) du 21ème siècle.Notre pays est le vôtre", a lancé Mme Karboul, qui se tenait aux côtés du Grand Rabbin de Tunisie, sous les acclamations et les youyous.
La ministre s'était auparavant réjouie devant la presse que pour beaucoup de juifs ayant quitté la Tunisie, le pèlerinage de la Ghriba soit le moyen de "renouer avec leur identité tunisienne".
"On peut partir n'importe où, nos racines restent en Tunisie", a dit à l'AFP Rachel Journo, qui a quitté la Tunisie il y a plus de 35 ans pour la France.
Organisé chaque année au 33e jour de la Pâque juive, le pèlerinage de la Ghriba est au c�?ur des traditions des juifs de Tunisie, une communauté qui ne compte plus que quelque 1.500 âmes contre 100.000 avant l'indépendance en 1956.
L'affluence reste toutefois loin des quelque 8.000 personnes qui se pressaient à la synagogue avant l'attentat-suicide au camion piégé de 2002, qui avait fait 21 morts dont une majorité de touristes allemands.
Entre cette attaque et la révolution de janvier 2011 qui a fait tomber le régime du président Zine El Abidine Ben Ali, les festivités à la Ghriba attiraient en moyenne 3.000 personnes chaque année.
Les crises politiques à répétition et l'essor d'une mouvance jihadiste armée en 2012 et 2013 ont freiné l'affluence, qui s'est limitée à quelques centaines de visiteurs.
La stabilisation relative du pays depuis janvier, avec le retrait du pouvoir des islamistes d'Ennahda pour laisser la place à un cabinet d'indépendants en attendant des élections prévues en 2014, a relancé les réservations.
Ombre au tableau, le pèlerinage intervient tout juste après une polémique en Tunisie sur l'octroi d'autorisations d'entrée à des visiteurs israéliens.Selon l'un des représentants de la communauté juive de Djerba, Perez Trabelsi, elle a affecté l'affluence.
"On aurait pu avoir de 3.000 à 4.000 personnes cette année, mais les débats ont fait peur à beaucoup de gens", a-t-il regretté.
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