Plusieurs centaines de personnes qui manifestaient lundi sur la grande artère de Tunis, l'avenue Habib Bourguiba interdite aux rassemblements, ont été violemment dispersées à coup de gaz lacrymogène, a constaté une journaliste de l'AFP.
Les manifestants, qui voulaient commémorer la journée des martyrs tunisiens et protester contre l'interdiction depuis le 28 mars de tout rassemblement sur l'avenue, ont été chassés à coup de lacrymos et ont dû se réfugier dans les ruelles avoisinantes ou les commerces de l'avenue.
Enroulés dans des drapeaux tunisiens, criant: "on n'a pas peur, c'est le peuple qui est ici", les manifestants avaient commencé à investir l'avenue Bourguiba vers 10H00 (08H00 GMT), remontant la rue au pas de course dans une ambiance très tendue.
De nombreux policiers casqués et matraques en main avaient été déployés sur l'avenue.
"Je suis là pour honorer nos martyrs, et pour protester contre l'interdiction de manifester ici.C'est nous qui avons libéré la Tunisie, ils n'ont pas le droit d'interdire des marches pacifiques", a déclaré à l'AFP Mohsen Ben Henda, un septuagénaire tout juste sorti de l'hôpital venu participer au rassemblement.
La manifestation n'a pas duré plus d'une demi-heure, avant les premiers tirs nourris de lacrymogènes.Les gens se sont enfuis dans les rues perpendiculaires ou se sont réfugiés dans les cafés encore ouverts de l'avenue.
"On est venu aujourd'hui pour nos libertés, pour dénoncer la répression que nous infligent au quotidien les milices d'Ennahda (le parti islamiste tunisien, ndlr)", a déclaré Raed Korbi, un jeune médecin réfugié dans un café de l'avenue.
"Nous voulons dire au monde que nous n'acceptons pas le projet obscurantiste d'Ennahda", a-t-il ajouté.
L'avenue Bourguiba, artère symbole de la révolution tunisienne et endroit où sont généralement organisés tous les mouvements de contestation, est interdite aux rassemblements depuis le 28 mars suite à des incidents lors d'une manifestation d'islamistes qui s'en étaient pris à des artistes.
Samedi, une manifestation de jeunes diplômés chômeurs qui tentaient de gagner l'avenue a été violemment dispersée, et plusieurs personnes ont été blessées.
La chef du Parti démocrate progressiste (opposition) Maya Jribi avait dénoncé l'interdiction de manifester et appelé à participer au rassemblement de lundi.
La Tunisie commémore lundi la "journée des martyrs", en souvenir de la répression sanglante par les troupes françaises d'une manifestation à Tunis le 9 avril 1938.
Une cérémonie en présence du Premier ministre Hamadi Jebali est prévue en début d'après-midi au mausolée des martyrs de Séjoumi, près de Tunis.Le chef du parti Ennahda, Rached Ghannouchi, doit de son côté mener une marche en mémoire des martyrs.
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