Tunisie: la police en alerte à Sousse après l'attentat suicide manqué

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Sousse (Tunisie) (AFP)

Les patrouilles de la police tunisienne ne cessaient jeudi d'arpenter les rues de Sousse et de sa zone touristique au lendemain d'un attentat suicide manqué, mais si les employés du secteur se disaient effrayés, les touristes se montraient plutôt philosophes.

Les routes longeant la route côtière tunisienne et reliant les principales stations balnéaires du pays ont vu les passages de policiers, militaires et gendarmes considérablement augmenter depuis l'attentat sur une plage de Sousse qui a coûté la vie au seul kamikaze mercredi.

A l'approche d'El Kantaoui, port de plaisance et zone balnéaire à une dizaine de kilomètres du lieu de l'explosion, la garde nationale occupait les ronds-points, contrôlant véhicules et passagers.

Des agents armés étaient aussi déployés aux abords de lieux publics tels que les supermarchés et centres commerciaux où les clients se prêtaient aux contrôles.

"Ces contrôles, à partir de maintenant, c'est 24 heures sur 24, dans toute la région de Sousse", explique à l'AFP l'un des officiers en faction après un contrôle d'identité.

Si la Tunisie a connu une recrudescence des violences attribuées aux jihadistes depuis la révolution de 2011, les autorités n'ont eu cesse de souligner ces derniers mois que les touristes, un des moteurs de l'économie, n'étaient jamais visés et qu'ils étaient en sécurité dans le pays.

Passée la peur de la veille, les voyageurs semblaient plutôt philosophes, poursuivant leurs activités : jogging, sports nautiques, balades en calèche ou bains de soleil au bord d'une mer encore chaude en cette fin octobre.

Les professionnels du secteur ont d'ailleurs indiqué qu'aucun exode de touristes n'a été constaté.

"Hier, j'ai eu franchement peur.Mais je pense que c'est surtout un danger pour la Tunisie ce genre d'incidents.Le beau temps ici nous attire toujours et je suis bien décidée à terminer mes vacances", explique Aurélie, une touriste venue de France, promenant son chien.

François, la quarantaine, n'a pas plus l'intention de quitter prématurément son lieu de villégiature, mais reconnaît ne pas prévoir de revenir sur les plages tunisiennes.

"On a eu peur, vraiment.On partira dans quelques jours, et je ne pense pas que je vais revenir avant que la situation ne change réellement", souligne-t-il.

Les Tunisiens travaillant dans le tourisme sont beaucoup plus inquiets, craignant d'une part les jihadistes mais aussi la perte de leur gagne-pain alors que le secteur ne s'est toujours pas relevé de l'année noire 2011, lorsque les revenus ont chuté de 30% dans la foulée de la révolution.

"On ne peut pas rester sans travail.Mais maintenant c'est le tourisme qui est visé, nous sommes visés", confie Billel Toumi, serveur dans un café de Sousse.

"On a peur pour nos vies, mais nous devons aussi nourrir toute notre famille", poursuit-il.

Les mêmes craintes rongent des employés du Riadh Palms, l'hôtel quatre étoiles dans lequel le kamikaze a tenté d'entrer, avant d'être repéré par les gardes et pourchassé sur quelques dizaines de mètres jusqu'à la plage, où il s'est fait exploser.

"Nous vivions déjà dans un climat très tendu, mais après l'incident d'hier, on vit dans l'angoisse.On a eu une peur bleue", confie le portier de l'hôtel qui ne veut pas même donner son prénom.

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