Le chef du parti islamiste au pouvoir Ennahda a appelé jeudi la Tunisie au "consensus" lors du premier congrès de ce mouvement dans le pays depuis 1988, un discours conciliateur alors que l'opposition craint une dérive vers un islamisme plus radical.
"Nous voulons transmettre un message depuis ce congrès, ce congrès est celui de l'union du peuple tunisien.Nous sommes un peuple uni", a déclaré Rached Ghannouchi devant une foule de quelque 10.000 partisans.
"Je veux rassurer le peuple, le pays est entre de bonnes mains", a ajouté M. Ghannouchi."Ce pays a besoin d'un consensus national, nous appelons à la conciliation nationale", a-t-il poursuivi, qualifiant les crises secouant la Tunisie et la coalition au pouvoir de "périodiques" et "normales" après une révolution.
"En Tunisie, tous les mouvements peuvent cohabiter", a ensuite lancé le chef d'Ennahda qui domine le gouvernement de coalition avec deux partis de centre-gauche.
L'opposition craint une dérive vers un islamisme plus radical et la tentation de l'hégémonisme de la part de ce parti qui se dit modéré et qui a renoncé à inscrire la charia (loi coranique) dans la nouvelle Constitution en cours de rédaction.
Ennahda, le plus grand parti politique de Tunisie, a été violemment réprimé par le président Zine El Abidine Ben Ali chassé par la révolution de 2011.
Il table sur quelque 25.000 à 30.000 participants à ce congrès, le premier public et non dans la clandestinité qui se tiendra jusqu'à dimanche au Kram, une banlieue de Tunis.
"Voilà, après quarante ans de prison et d'exil, nous sommes réunis", a lancé devant la foule un responsable du parti et premier orateur Riadh Chaïbi.
"Nous rendons hommage aux martyrs du mouvement qui nous ont quittés en militant pour notre cause", a-t-il dit, avant de saluer aussi la mémoire des "martyrs de la révolution" tunisienne.
La foule de militants tonnait pour sa part des chants et slogans en soutien au parti.
A l'entrée du chef du parti, des milliers de personnes se sont levées, entonnant un chant d'Ennahda: "Sous la protection de Dieu et pour notre religion / Nous irons main dans la main / Tels des lions, nous ne craignons rien".
Des invités de marque étaient présents comme Khaled Mechaal, président du bureau exécutif du mouvement islamiste palestinien Hamas, chaleureusement accueilli par les slogans "Le peuple veut libérer la Palestine" et "Gaza, symbole de la dignité".
Les militants ont aussi lancé des appels au départ du président syrien Bachar al-Assad, criant "Bachar, dégage" en soutien à la révolte réprimée dans le sang en Syrie.
Ce congrès vise à fixer la stratégie politique et sociale d'Ennahda et à élire sa nouvelle direction.Plus de 1.100 délégués sont appelés à se prononcer.M. Ghannouchi devrait rester aux commandes même s'il n'a pas fait acte de candidature.
Des motions pour concilier les différents courants, des modérés aux tenants d'une ligne plus radicale, vont être étudiées.Leur contenu n'a pas été transmis à la presse.
M. Ghannouchi a lui déclaré, dans un interview publié cette semaine, vouloir "ancrer Ennahda en tant que mouvement islamiste modéré, ouvert, porté sur les préoccupations des Tunisiens et des Tunisiennes".
Le parti doit aussi se prononcer sur ses alliances politiques et, malgré des tensions, adouber la coalition formée avec le Congrès pour la république (CPR) du chef de l'Etat Moncef Marzouki et Ettakatol du président de l'Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jafaar.
Aucun consensus n'est intervenu sur la nature du régime qui sera inscrit dans la Constitution.Par ailleurs, Ennahda a été critiqué pour son manque de fermeté à l'égard de la mouvance salafiste, responsable de plusieurs coups d'éclats ces derniers mois.
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